Depuis 2019, les Etats-Unis freinent l'accès de la Chine aux dernières technologies de production de puces en gravure fine. Au fil des années, les interdictions sont allées jusqu'à l'achat d'équipements de lithographie avancée, bloquant la capacité de la Chine à produire des puces gravées en 10 nm et moins.

Cela n'a pas empêché le groupe chinois Huawei de créer la surprise en annonçant fin 2023 une gamme de smartphones Mate 60 dotés d'un processeur Kirin 9000S gravé en 7 nm.

Les Etats-Unis continuent de renforcer les restrictions d'exportation et désormais de maintenance des équipements mais l'industrie chinoise s'organise dans le même temps pour développer les technologies qui lui manquent afin de pouvoir se passer du savoir-faire occidental et des restrictions d'accès aux fondeurs internationaux.

En quête de talents pour gagner son indépendance dans les puces

Le Nikkei Asia confirme le fait en évoquant la mise en place par Huawei d'un grand centre de R&D en cours d'installation à Shanghai et consacré aux technologies de puces et aux procédés de production.

Le centre, qui doit ouvrir ses portes en juin, accueillera jusqu'à 35 000 salariés et tout serait bon pour attirer les talents, notamment avec des promesses de salaire élevé.

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La chasse aux talents serait également lancé pour embaucher des vétérans de l'industrie venus d'entreprises occidentales spécialisées dans la production de puces comme Applied Materials, Lam Research, KLA ou le néerlandais ASML qui produit des équipements de lithographie EUV.

En Chine même, les ingénieurs ne pouvant souvent plus travailler avec les entreprises étrangères constituent par ailleurs un vivier facile à récupérer, même si les conditions de travail sont très dures.

Se passer des technologies occidentales

La nouvelle installation, qui bénéficie d'un investissement de 1,6 milliard de dollars, est située dans le district de Qingpu, à deux pas des quartiers généraux de HiSilicon, l'entreprise qui développe les processeurs Kirin utilisés dans les appareils électroniques de Huawei, du smartphone au composant pour datacenter.

Le géant chinois dépense un quart de ses revenus en recherche et développement et le nouveau centre sera l'un des fers de lance pour développer des technologies de production de puces qui permettront à l'industrie chinoise d'acquérir son indépendance technique.

Les observateurs notent que Huawei a réalisé de gros efforts pour s'adapter au contexte des restrictions commerciales US et pour s'approvisionner de plus en plus localement en faisant appel aux fournisseurs purement chinois.

Source : Nikkei Asia