Test Creality Ender-3 V3 : la première imprimante 3D Core XZ de série

Présentation d'une Core XZ de série

Petit retour en arrière : c'est à l'occasion de son 9e anniversaire que Creality évoquait la sortie d'une toute nouvelle gamme d'imprimantes 3D avec les K1 et K1 Max (voir nos tests), suivie d'une toute nouvelle génération d'imprimantes de la gamme Ender 3.

Des Ender 3 V3 qui ont été inaugurées avec une Ender 3 V3 SE, modèle le plus abordable (en test ici), puis suivi par la Ender 3 V3 KE, première Ender 3 à bénéficier d'une intégration native de Klipper (en test là), et c'est donc au tour de la Ender 3 V3 de boucler la boucle avec en son sein Klipper, mais une orientation stratégique différente puisque s'il s'agit toujours bien d'une imprimante cartésienne, la cinématique opte elle pour le Core XZ.

La Ender 3V3 est, contrairement à ce que ne suppose pas son absence de dénomination, la plus aboutie des Ender 3 de 3e génération.

Il s'agit toujours d'une imprimante cartésienne, un "bed slinger", soit une machine avec un plateau mobile sur l'axe Y au format modeste puisque son volume d'impression est de 220 x 220 x 250 mm. Cela permet de conserver un format compact tout en proposant un volume d'impression à même de contenter nombre d'utilisateurs et de correspondre à la majorité des projets.

Creality annonce une vitesse d'impression allant jusqu'à 600 mm/s pour des accélérations de 20000 mm/s², ce qui se montre pertinent au regard de l'équipement et de la cinématique proposée.

La machine propose des impressions avec des hauteurs de couche variant de 0,1 à 0,35 mm via sa buse de base (diamètre 0,4 mm installé par défaut). On évoque le support de nombre de matériaux : PLA et dérivés, PETG, TPU, ABS, PLA-CF, PETG-CF... Situation qu'il faudra nuancer : certes la tête et les températures prises en charge permettront d'imprimer tous les filaments cités, néanmoins l'absence de caisson imposera des limites à l'impression d'ABS sous peine de risques de délamination.

Côté packaging, Creality maitrise son sujet : le tout est bien emballé dans un carton qui est de plus en plus optimisé au fil des générations pour un encombrement minimal.

La machine ne nécessite que peu d'assemblage : 8 vis en tout et pour tout pour rendre la base et la potence solidaires. On branche quelques câbles et la machine se veut opérationnelle. Le tout ne nécessite qu'une dizaine de minutes pour être parfaitement assemblé.

En marge de l'imprimante, on retrouve les habituels outils nécessaires à son montage : clés diverses, clé USB, pince coupante, colliers de serrage... On retrouve également un tube de lubrifiant pour les axes... Mais pas de buse de rechange.

On trouve également un support de bobine latéral associé à un outil permettant de maintenir le fil en place sur la bobine afin d'éviter la formation de noeuds lors des déplacements trop vifs.

Fiche technique et équipement

Côté équipement et fiche technique, Creality a sorti le grand jeu et on est désormais bien loin de la toute première Ender sortie il y a 5 ans...

La base propose un lit chauffant jusqu'à 110 °C équipé d'un plateau flexible en acier ressort doté d'un revêtement en PEI texturé. Actuellement, c'est tout simplement ce qui se fait de mieux sur le marché. Le PEI propose une accroche incomparable et la flexibilité du plateau permet de décoller très simplement les impressions une fois celles-ci légèrement refroidies : il suffit de plier le plateau pour faire craquer l'ensemble sans risquer d'endommager l'impression.

Le plateau justement est quant à lui monté sur un double axe tubulaire doté de roulements. Le berceau est doté d'un PCB qui embarque 4 capteurs de pression répartis aux 4 angles ainsi qu'un accéléromètre ADXL pour proposer la compensation de résonnance sur l'axe Y.

Toujours au niveau de la base, on retrouve de larges pieds amortisseurs, ainsi qu'un écran tactile couleur de 4,3 pouces, identique à celui proposé sur la gamme K et qui propose donc l'interface CrealityOS basée sur Klipper. En interne, c'est une carte mère 32 bits silencieuse associée à un module ARM maison qui permet de faire tourner Klipper qui officie.

On y trouve un port USB sur la droite pour y brancher une clé afin de lancer ses impressions depuis un support de stockage amovible. Pas de port SD au menu, et ce n'est pas plus mal : la gestion de ces cartes de stockage et leur manipulation n'est pas idéale d'autant que les lecteurs des cartes mères ont tendance à rapidement s'endommager, sans possibilité de les réparer.

Les plus grosses améliorations sont à trouver au niveau de la potence : on y découvre une nouvelle tête d'impression ainsi que le montage misant sur des courroies pour garantir la cinématique Core XZ.

Concrètement, l'axe Z et X est confié à deux moteurs. Il n'y a aucune tige trapézoïdale, le tout est suspendu par des courroies. En clair, on profite d'un double support de l'axe Z, mais aussi d'un gain de vitesse et de précision notable ( positionnement en Z à 15µ près). Creality a ajouté deux modules de tension automatique des courroies pour éviter les sauts de couche et limiter les réglages.

À l'arrière, côté droit, on retrouve un capteur de fin de filament, qui sert également de connecteur à un tube de PTFE qui garantit le bon acheminement du filament jusqu'à l'extrudeur.

La tête s'inspire en partie de celle de la gamme Creality K : il s'agit d'une tête en direct drive assez compacte. Elle mise sur l'extrudeur Hummingbird à double entrainement et ses engrenages plus gros que sur BMG. Côté hotend, il s'agit de la dernière version lancée sur K1C (en test ici), soit une révision du hotend céramique nouvelle génération en 60 W associée à la toute nouvelle buse "Unicorn" qui fait fusionner buse et hotend sur la base d'une composition tri matière.

L'idée est de proposer une configuration full metal pour ouvrir la porte à l'impression de matériaux techniques à haute température sans pour autant délaisser l'impression de PLA généralement problématique avec certaines têtes Full Metal. Cette nouvelle buse Unicorn permet également une manutention plus aisée : il est possible de la desserrer et de la remplacer avec une seule main.

Globalement, la tête en question nous avait paru pertinente sur la K1C notamment par sa polyvalence et sa capacité à son flux volumique élevé, idéal pour les impressions haute vitesse.

Nous l'avons dit, la tête a évolué. En marge du logo Creality qui est désormais lumineux, on y trouve d'autres améliorations principalement au niveau de la ventilation.

Le ventilateur du refroidisseur de hotend a été déplacé sur le côté gauche et profite d'une ouverture dédiée pour l'aspiration. Mais plus important : on retrouve un nouveau ventilateur de pièce à l'arrière, ce qui permet à la Ender-3 V3 de proposer une double ventilation de pièce à base de ventilateurs radiaux, chose capitale lorsque l'on souhaite imprimer du PLA au-delà de 300 mm/s, voire même en dessous pour certains.

Cette tête est montée sur un double axe cylindrique avec roulements linéaires.

C'est également dans la tête que l'on retrouve des capteurs pour l'auto leveling entièrement automatisé, ainsi qu'un second accéléromètre permettant de proposer de l'input shaping sur X.

Notons enfin que l'ensemble de la machine est fabriquée en aluminium, y compris les différents carénages. Le tout offre une bonne solidité et rigidité, et la peinture réalisée est impeccable.

Les tests

À l'usage, la Ender 3 V3 se rapproche de la gamme K1 : on profite de Klipper et de performances particulièrement intenses.

Le premier lancement de la machine propose de réaliser une série de tests (ventilateurs, chauffe, leveling, input shaping) afin de garantir du bon fonctionnement de cette dernière.

Une fois cette étape passée, on peut se lancer dans le vif du sujet et lancer quelques impressions proposées dans la mémoire de la machine.

Disons-le clairement : la Ender 3V3 est une machine très vive et assez impressionnante. Difficile de penser qu'elle puisse proposer des impressions aussi rapides sans perdre en qualité à des vitesses de plus de 300 mm/s et pourtant les faits sont là : la machine est rapide et l'input shaping comme la cinématique Core XZ font des miracles.

La tête permet de monter très rapidement en température : moins d'une minute pour atteindre 220 degrés. Le plateau est également performant : 60 degrés en moins de 30 secondes.

Les réglages de vitesse et accélération ont été optimisés jusque dans les systèmes de calibration : le leveling est rapide et précis, on pourra donc l'automatiser à chaque impression, même si dans les faits les réglages ne devraient pas énormément bouger entre chaque projet. D'ailleurs, il n'y a aucun réglage de Z offset à réaliser à la main : tout est automatisé grâce aux capteurs de pression.

Le plateau en PEI permet d'imprimer avec des premières couches assez rapides (plus de 150 mm/s). Il permet également de ne pas avoir à sécuriser toutes ses pièces avec un brim ou une jupe, ainsi que d'envisager d'imprimer de très petites pièces ainsi que des pièces avec très peu de surface de contact à la base.

En outre, il offre un grand confort en fin d'impression : les impressions se décollent parfaitement sans casse ou fissure.

Concernant la ventilation, c'est encore un bon point puisqu'elle se veut supportable en termes de bruit tout en se montrant efficace : les surplombs ne commencent à afficher que quelques déformations qu'à partir de 80 degrés et à des vitesses de 250 mm/s. La double ventilation fait donc correctement son travail ici.

L'input shaping sur les deux axes X et Y offre également un bon confort : il s'agit d'anticiper les défauts liés aux vibrations via des tests réalisés sur accéléromètre. Avec la Ender 3V3 KE, on avait vu que l'input shaping ne se faisait qu'en X, ici, le plateau dispose de son propre accéléromètre pour garantir une prise en charge sur les deux axes, ouvrant la voie à une augmentation de la vitesse d'impression sans apparition de ghosting ou ringing (rémanence des motifs à la surface des impressions).

Lors d'un torture test poussé, la Ender 3V3 nous a impressionné. Il s'agit d'un test qui regroupe énormément de fonctionnalités. Il s'agit de mesurer les capacités de pontage dans le vide, de porte à faux, de respect dimensionnel, ainsi que d'impression fine.

On note que l'impression aura pris 1h29 et qu'elle se présente comme quasi parfaite : les ponts sont propres, les tests d'overhang parfaits. Les cercles sont bien respectés, et les antennes sont bien imprimées.
Les deux défauts les plus flagrants sont un léger effondrement au niveau des arêtes de la plateforme supérieure ainsi qu'un léger stringing entre les antennes.

On apprécie le respect dimensionnel avec les réglages d'usine : aucun des cercles internes n'est resté collé à la base, et ce même avec un écart modélisé de seulement 0,2 mm.

L'interface logiciel / Creality Print

Comme depuis le lancement de la K1, c'est Creality OS 2.0 qui anime la machine, comprenez une version bridée de Klipper, un système sur base Linux qui puise dans les ressources d'une carte dédiée sous processeur ARM avec sa propre RAM pour traiter les informations.

Et le constat est identique qu'avec la gamme K1 : Klipper est certes plus polyvalent et plus rapide que Marlin, néanmoins, les bridages opérés par Creality limitent énormément les possibilités offertes par le système.

On retrouve donc une interface plutôt limitée dans les fonctionnalités, qu'il s'agisse de l'écran de la machine comme de l'interface Web. Car oui, la machine reste accessible depuis le WiFi et peut être connectée à son espace Creality Cloud pour du slice en ligne et de l'impression à distance.

Néanmoins on regrette l'ensemble des verrous imposés par Creality. Certes, cela permet d'éviter aux profanes trop curieux de modifier des éléments critiques dans le firmware, ou d'accéder à des fonctionnalités inadaptées... Néanmoins, on aurait aimé avoir simplement le choix de basculer entre un réglage débutant et avancé libérant entièrement Klipper de toutes les limites imposées par la marque.

Pour récupérer les pleins pouvoirs sur la Ender 3V3, comme pour les autres machines, il faudra rooter l'imprimante et installer un firmware spécifique permettant de récupérer l'accès en SSH.

Les utilisateurs expérimentés, et surtout ceux habitués à une expérience Klipper stock, auront du mal à supporter les bridages et les manques imposés par Creality. Dans l'ensemble, le tout reste fonctionnel, mais on se limite à appuyer sur quelques boutons sans aller plus loin... Et finalement, c'est ce que recherchent la majorité des utilisateurs qui se lancent aujourd'hui dans l'impression 3D : il est plus facile de s'intéresser aux résultats qu'à la technologie d'impression elle-même.

Le slicer Creality Print de son côté n'a pas profité d'évolution depuis le 18 décembre 2023, heureusement Creality avait anticipé la sortie de ses machines et l'on y trouve déjà des profils dédiés à la Ender-3 V3. On regrette toutefois qu'il ne soit proposé que 2 profils somme toute basiques "Quality" et "Normal", qui d'ailleurs ne tirent pas énormément profit de la vitesse permise par la machine puisque bloqués à 300 mm/s pour les parois internes.

Globalement le slicer fait l'affaire. Comme nous l'évoquions précédemment, il a rapidement évolué pour venir se positionner comme une alternative sérieuse à Cura, Orca ou Super Slicer... D'autant que les profils proposés par Creality sont plutôt bien optimisés.
La gestion dissociée des matériaux et des réglages d'impression est un plus, tout comme la prise en charge de l'impression en réseau : on peut directement envoyer les impressions vers les machines et accéder à leur interface Web au sein même du logiciel.

Bilan

Dans son ensemble la Ender-3 v3 est une réussite : son design est soigné, l'orientation Core XZ pertinente, les prestations dignes de machines de milieu, voire de haut de gamme.

La machine vient jouer des coudes avec la K1 pourtant installée comme le fer de lance de Creality depuis quelques mois.

Les vitesses d'impression sont fulgurantes. Gare toutefois à ne pas trop se fier aux 600 mm/s avancés par la marque : il ne s'agit que d'une vitesse théorique, et si elle les atteint bien en ligne droite, l'intégralité de l'impression ne peut se jouer à des vitesses aussi extrêmes. Tablons plus raisonnablement sur une vitesse moyenne de 300 mm/s avec des pointes qui dépasseront sans trop forcer les 450 à 500 mm/s dans les remplissages.

Les évolutions apportées à la tête d'impression sont intéressantes, notamment au niveau du double système de ventilation. On regrette toutefois le fait que le pushfit soit désormais un peu plus enfoncé dans la tête, ce qui rend sa manipulation complexe pour débrancher le PTFE lorsque l'on souhaite extraire le filament...

Autre point à noter, en position la plus haute (l'imprimante fait son home Z en haut du portique), l'alimentation du filament se retrouve un peu trop pincée, ce qui pourrait rendre le passage du filament complexe, avec trop de friction.

Globalement, la Ender 3V3 a toutefois peu de choses à se reprocher et les promesses réalisées par Creality sont remplies pour la grande majorité. La machine n'a d'ailleurs pas à rougir face à sa principale concurrente qui reste à ce jour un projet DIY : la Voron Switchwire.

Pour en avoir 2 en marge de cette Ender 3V3, la différence se joue principalement au niveau du leveling tout automatique (en faveur de Creality), et de l'environnement Klipper (en faveur des Voron). Et sur ce dernier point, il suffit de rooter la Ender 3V3 pour en récupérer le plein accès... On ne peut donc que conseiller l'achat de cette Ender-3 V3.

Vous trouverez sur le site officiel de Creality l'imprimante 3D Ender-3 V3 au prix officiel de 449 €, mais affichée en ce moment en promotion à 419 € avec la livraison gratuite.