Bien des démonstrations d'usages 5G avec les premiers smartphones compatibles ont été réalisées avec des antennes et équipements 5G d'Ericsson. L'équipementier suédois est en bonne position pour profiter des opportunités de ce nouveau marché en étant l'un des grands fournisseurs des opérateurs US, profitant du rejet outre-Atlantique des équipementiers chinois, et ils se trouve bien placé pour commenter la situation globale.

Aussi, quand son directeur général Börje Ekholm souligne aux Echos que la 5G est déjà une réalité sur plusieurs marchés mais que l'Europe suit une trajectoire qui pourrait bien la mettre en retard, il y a peut-être de quoi s'inquiéter.

5G antennes Ericsson

Antennes 5G Ericsson (Snapdragon Techsummit, décembre 2018)

En tant qu'acteur du secteur télécom, il blâme comme Stéphane Richard, PDG d'Orange, à une régulation trop stricte et à une mise à disposition des fréquences dont les prix et la faible disponibilité n'encouragent pas les investissements.

"En rendant les investissements difficiles, l'Europe fait le choix d'être en retard", constate le patron d'Ericsson, notant que les gouvernements européens ont tendance à privilégier les recettes fiscales générées par les redevances à la capacité d'investissement qui s'en trouve retirée.

L'Europe était pourtant en pointe sur les marchés de la 2G et de la 3G avant de se laisser rattraper sur la 4G. "Et maintenant, je pense que nous allons perdre très gros avec la 5G, à moins de modifier nos politiques", souligne-t-il encore.

Trop d'incertitude pour motiver les investissements

Certes, l'exemple de l'Italie, avec des enchères pour les fréquences qui ont explosé les plafonds, est édifiant mais pour la plupart des autres marchés, c'est toujours l'incertitude paralysante, faute d'avoir mis en place suffisamment tôt des enchères, alors que les Etats-Unis et l'Asie commencent déjà disposer de réseaux commerciaux.

Börje Ekholm rappelle, comme nous le faisions en commentaire des propos de Stéphane Richard, que "la 5G sera une infrastructure nationale critique. Elle conditionnera la capacité des économies à être concurrentielles dans l'avenir. C'est une technologie bien plus importante que les précédentes".

Par ailleurs, l'approche de supervision des équipements télécom voulue par le gourvernement français pour renforcer la sécurité lui paraît plutot inefficace et difficile à mettre en place puisqu'il faudrait aussi tester toutes les mises à jour et les correctifs, avec des délais ne faisant qu'accroître les risques. Ou comment compliquer encore ce qui l'est déjà !

On n'oubliera pas qu'il s'agit ici de points de vue du côté des industriels du secteur télécom qui ont tout intérêt à obtenir le moins de régulation possible. L'enjeu pour les régulateurs et les gouvernements est aussi de ne pas brader le patrimoine de l'Etat (les fréquences) aux industriels et de réaliser de nécessaires arbitrages.

Source : Les Echos