La question de la mesure du DAS ou débit d'absorption spécifique et de sa pertinence reviennent régulièrement sur le tapis. Ne devant pas dépasser 1,6 W/Kg aux Etats-Unis ou 2 W/Kg en Europe, cette mesure est régulièrement contrôlée par les organismes de certification qui peuvent à l'occasion demander aux fabricants de faire une mise à jour pour en diminuer la valeur ou plus rarement de retirer un appareil électronique.

La mesure du DAS suit un protocole standard qui est resté quasiment le même depuis le lancement des téléphones portables avec des mesures au niveau du tronc et de la tête correspondant à un usage basique.

Or les smartphones sont devenus pour beaucoup de véritables extensions de soi et utilisés dans de multiples configurations que le débit d'absorption spécifique tel que mesuré actuellement reflète imparfaitement.

iPhone 11 Pro photo

Un tel réalisé par Penumbra Brands révèle ainsi que l'iPhone 11 Pro aurait en fait un DAS dépassant de deux fois la limite maximale avec une mesure réalisée avec le laboratoire indépendant RF Exposure Labs de 3,8 W/Kg à 2 mm du corps.

Le site IEEE Spectrum relève qu'il fait suite à une enquête du Chicago Tribune datant de 2019 et qui affirmait que plusieurs générations de smartphones de grandes marques (Apple, Samsung, Motorola...) avaient en réalité toutes dépassé largement les valeurs maximales.

Alors, scandale en vue ? Pas forcément puisque le test en question a été mené seulement sur deux modèles : un iPhone 7 et un iPhone 11 Pro achetés dans le commerce, ce qui fait peu pour pouvoir conclure quoi que ce soit.

S'il reste possible qu'Apple fournisse à la FCC des appareils mobiles avec un firmware limitant les émissions électromagnétiques, à la manière des constructeurs automobiles trichant sur les émissions polluantes de leurs véhicules lors de l'homologation, un problème méthodologique chez RF Exposure Labs n'est pas exclure non plus.

Par ailleurs, Penumbra Brands a aussi comme activité de vendre des protections protégeant des ondes émises par les smartphones. Trouver que les smartphones émettent plus qu'ils ne devraient serait une excellente nouvelle pour son business.

Si l'un des points clé de l'argumentation est que les valeurs limites de DAS et les protocoles sont ancestraux au regard des évolutions des technologies, ce qui n'est pas faux, et qu'elles mériteraient un dépoussiérage, on notera que la question fait déjà régulièrement l'objet de questionnements, sinon de débats.

En France, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) appelait à une réflexion sur la méthodologie et l'interprétation de la valeur du DAS. On n'oubliera pas non plus que les valeurs limites sont largement inférieures aux seuils jugés nocifs pour la santé, en l'occurrence un effet thermique, seul officiellement reconnut, même si un effet biologique de faible seuil reste possible.

Source : IEEE Spectrum