Hier, à l'occasion du colloque souveraineté numérique qui s'est tenu à l'Assemblée nationale, la ministre de l'Intérieur a fait le bilan de son action en matière de lutte contre la cybercriminalité. Michelle Aliot-Marie a notamment mis en avant les résultats de la plate-forme nationale de signalement des contenus illicites de l'Internet, dont l'action a été étendue en plus des signalements des sites à caractère pédopornographique, aux malversations constatées sur Internet. Cette plate-forme a enregistré plus de 862 000 connexions depuis le début de l'année, pour plus de 12 000 signalements. D'ici la fin de l'année, la plate-forme permettra le signalement de sites proposant des produits contrefaits.

La ministre n'a évidemment pas manqué de rappeler les points parfois polémiques du projet de loi Loppsi, la loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure. Ce projet prévoit le blocage des contenus à caractère pédopornographique directement par les fournisseurs d'accès à Internet.

" Toutes les démocraties voisines l'ont fait. En bloquant ces sites en Europe, aux États-Unis, nous arrivons aussi à tarir les flux financiers des groupes criminels qui exploitent des enfants "

, a déclaré Michèle Alliot-Marie. Une mesure que d'aucuns craignent qu'elle débouchera sur la fin de la neutralité du réseau.

La ministre a également rappelé dans le cadre du projet de loi, un régime de sanction pour l'usurpation d'identité sur Internet ( jusqu'à un an de prison et 15 000 € d'amende ) même s'il n'y a pas de préjudice financier, et le fameux mouchard pour cyberespionner les criminels :

" Les évolutions technologiques impliquent que l'on puisse aussi savoir ce que préparent des criminels depuis leur ordinateur. La possibilité de captation de données numériques à distance permettra aux enquêteurs, par exemple, de saisir en temps réel des données au moment où elles s'affichent sur l'écran ou lorsqu'elles sont tapées sur le clavier d'un pédophile ou d'un terroriste. C'est le juge d'instruction - et lui seul - qui pourra ordonner de telles mesures. "


Un guide de la cybersécurité pour les entreprises et autres

Lors de son discours, Michèle Alliot-Marie a également annoncé l'élaboration d'un livre blanc sur la cybersécurité qui associera " usagers, professionnels, entrepreneurs, universitaires " et " tous les acteurs de l'Internet ".

" Plus de sécurité sur Internet dans notre pays, c'est plus d'échanges, plus de commerce, plus de contrat entre les firmes. Nous y avons tous intérêt. Cela suppose un constat partagé sur les mesures à prendre et les moyens d'y parvenir. Pour cela, je souhaite l'élaboration d'un livre blanc sur la cybersécurité. "

Avec la secrétaire d'État à l'économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, l'élaboration de ce livre blanc débutera en septembre avec une date buttoir fixée au mois de mars 2010.