Le tir russe d'un missile antisatellite à l'origine de débris spatiaux orbitaux dangereux

Un gros nuage de débris spatiaux dangereux a pour origine la destruction d'un satellite par la Russie dans le cadre du test d'un missile. Un acte fermement condamné par les États-Unis.
" La Russie a imprudemment conduit un test destructeur d'un missile antisatellite à ascension directe contre l'un de ses propres satellites. " D'après le département d'État américain, ce test est à l'origine de plus de 1 500 débris orbitaux traçables et devrait générer des centaines de milliers de débris spatiaux plus petits.
La diplomatie américaine condamne fermement un acte qualifié de dangereux et irresponsable, avec des débris qui vont durablement menacer des satellites, en plus d'augmenter considérablement le risque pour les occupants de la Station spatiale internationale (ISS). Certains débris pourraient rester en orbite pendant dix ans.
Some new debris objects from today's breakup (orange orbit) visualized relative to ISS (blue orbit). Objects in white denote largest pieces of Cosmos 1408 tracked by LeoLabs. (Dots not to scale.) Debris ranges in altitude from 440 to 520km. pic.twitter.com/4ElV9KrK4P
— LeoLabs, Inc. (@LeoLabs_Space) November 16, 2021
C'est le satellite inactif Kosmos 1408 (ou Tselina-D) de près de 2 tonnes lancé en 1982 pour du renseignement électromagnétique qui aurait été détruit par le missile russe. En raison des débris générés et par mesure de sécurité, les sept occupants actuels de l'ISS se sont réfugiés hier dans les capsules Dragon et Soyouz amarrées afin de pouvoir quitter la station en cas d'urgence.
L'agence spatiale russe Roscosmos a été plus " sobre " que la Nasa dans sa communication, en indiquant seulement que " l'orbite de l'objet ayant obligé l'équipage à se déplacer dans le vaisseau selon les procédures standard s'est éloignée de l'orbite de l'ISS. "
The @Space_Station crew is routinely performing operations according to the flight program.
— РОСКОСМОС (@roscosmos) November 15, 2021
The orbit of the object, which forced the crew today to move into spacecraft according to standard procedures, has moved away from the ISS orbit.
The station is in the green zone. pic.twitter.com/MVHVACSpmT
Administrateur de la Nasa, Bill Nelson partage l'indignation du département d'État américain et souligne également une menace pour les taïkonautes à bord de la station spatiale chinoise en cours de construction.
Un acte rare avec toutefois des précédents récents
" Les événements du 15 novembre 2021 montrent clairement que la Russie, bien qu'elle prétende s'opposer à la militarisation de l'espace, est prête à mettre en péril la durabilité à long terme de l'espace et à compromettre l'exploration et l'utilisation de l'espace par toutes les nations par son comportement imprudent et irresponsable. " Les États-Unis laissent entendre une réponse avec l'appui de ses alliés et partenaires.
En mars 2019, c'est le test indien d'un missile antisatellite qui avait généré des débris spatiaux. En janvier 2007, c'était un test chinois avec la destruction d'un satellite météorologique et qui a encore été tout récemment la cause d'une manœuvre d'évitement de l'ISS.
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C'est un incident que redoute la NASA par-dessus tout : en début de semaine l'agence spatiale canadienne a confirmé la dégradation d'une partie de son module Canadarm2 suite à la collision de l'ISS avec un débris spatial.
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Le projet Clean Space One s'inspire du jeu Pac Man pour tenter de récupérer des débris spatiaux, en commençant par le petit satellite SwissCube.
Vos commentaires Page 1 / 2
Ils veulent vraiment la saboter l'ISS !
Ce missile, les militaires russes à la frontière de l'Ukraine, l'attaque migratoire ...
https://img-9gag-fun.9cache.com/photo/aVPpjN8_700bwp.webp
Le problème, c'est que si ca mettait fin a Starlink, ça mettrait fin a a peu près la totalité des satellites en LEO.
Donc nous n'aurions plus de satellites, Communication, TV, GPS/Gallileo, météo, surveillance etc etc... sans possibilité d'en renvoyer, l'accès à l'espace pourrait théoriquement être impossible... et bien sur, les débris continueraient de générer de la pollution lumineuse...
Heu les GPS sont à 20 000 kms d'altitude et la TV et autre sont à 36 000 kms (geostationnaire)
Starlink entre 400/550 kms comme l'ISS donc rien à voir
Dans l'absolu tout tourne à environ la même vitesse + ou - et une fusée qui arrive à 200/300 kms d'altitude à + ou - déjà atteint cette vitesse et donc rentre dans le manège
Tout ca pour dire que dans l'absolu le risque de collisions est faible
Il est réel mais faible
1 km d'altitude de différence pour des sat qui font quoi 20 m de haut max y a de la marge
Heu je défend pas la Russie mais les USA ,Chine, Inde ont déjà fait des essais similaire ...
Par contre la pollution lumineuse
Donc:
* si tu n'as plus accès à la LEO, tu ne peux plus envoyer de satellites plus haut. Donc plus d'accès aux autres orbites, tu te retrouves avec des satellites vieillissants que tu ne pourras pas remplacer.
* tout ne tourne pas à la même vitesse, cela dépend de l'altitude, mais à une altitude donnée, oui (a peu près). Sauf que:
--- les trajectoire sont différentes ! Non, ce n'est pas un manège, tout ne tourne pas dans le même sens...
--- les débris eux, n'ont pas une orbite parfaite, elle peut être en plus fortement elliptique
En gros, tu dis que sur une autoroute, il pourrait n'y avoir qu'une seule voie pour les deux sens, et ça ne poserai pas de problème parce que tout le monde est a 130...
Désolé, mais ta visualisation de ce qu'il se passe en orbite est mauvaise.
Le risque est faible, oui, mais il augmente proportionnellement avec le nombre de débris, c'est justement ce pourquoi tout le monde s'indigne.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Kessler
Des sat en orbite retrograde doit pas y avoir beaucoup
Alors, la base de la mécanique spatiale, pour maintenir une orbite :
- plus tu es sur une orbite basse, plus tu vas vite.
- plus tu est sur une orbite haute, moins tu vas vite.
A une certaine orbite, la vitesse angulaire d'un satellite est la même que celle de la rotation terrestre, c'est l'orbite géostationnaire. Elle se situe a 36000 km non pas par choix, mais parce la physique le veux ainsi.
Tout ce qui est en dessous de 36000km tourne plus vite que la rotation terrestre, et tout ce qui au dessus va moins vite (sous peine de quitter l'orbite au delà d'un certain point).
On peut dire que pour que deux satellites en orbite stable non elliptique aient la même vitesse, il faut obligatoirement qu'ils soient à la même altitude (et inversement).
On est en effet à ~28000km/h en LEO, mais la vitesse est moindre sur les orbites plus hautes. Sur la GEO, c'est par exemple un peu plus de 3000km/h.
Si on accélérait un satellite à 28000km/h alors qu'il est en GEO, il quitterait la sphère d'influence de la terre et se retrouverait en orbite Héliocentrique.
Les bases étant posées, qu'en est il de la LEO spécifiquement ?
Tous les satellites tournent en effet à ~28000km/h, MAIS il sont sur des trajectoires différentes, cela signifie
- que l'inclinaison de leur orbite (angle entre l'orbite et l'équateur terrestre) est différente.
- que même avec la même inclinaison, ils peuvent se croiser si ils ne sont pas sur le même plan orbital
- qu'il existe bel et bien des satellites en orbite rétrograde
Même en excluant les satellites en orbite rétrograde (en ne prenant que les satellites en orbite directe donc), ils peuvent donc ne pas être tout tout sur la même trajectoire.
Par exemple, 2 satellites ayant tous deux une inclinaison de 45° mais sur des plans orbitaux différents peuvent se croiser... avec un angle de 90° (selon l'écart entre les plans orbitaux)...
Donc, encore une fois, non, ce n'est pas un manège qui serait une représentation naïve de la mécanique orbitale (j'ai essayé d'éviter ce terme la première fois).
Allez un exemple parce que je sens que ça a du mal a rentrer...
Starlink: tous en LEO, à la même altitude, et tous à 53° d'inclinaison (donc aucun rétrograde), mais répartis sur 24 plans orbitaux.
https://c.tenor.com/Mo-G-nCewCwAAAAd/planet-elon-musk.gif
Ils se croisent bel et bien...
Voila, donc c'est déjà un beau bordel, et ça c'est sans prendre en compte les débris qui n'ont pas des orbites circularisées, elles peuvent être elliptiques du aux accélérations/décélérations subies lors de(s) l'impact(s)..
Et bien sur, chaque débris suite à une collision à sa propre orbite (ils n'ont pas exactement la même trajectoire, ni la même vitesse), du coup, le nuage de débris va mécaniquement se répandre, d’où l'importance de devoir suivre chaque débris (ce que l'on fait pour ceux que l'on peut suivre).
cf collision de 2 satellites au dessus de la Sibérie en 2009: https://i.imgur.com/zvoFygu.gif
On voit bien que les débris plus haut vont moins vite, et qu'en l'espace de 3 heures, les nuages couvrent déjà la moitié de leur orbite.
Pour finir de se mettre des nœud au cerveau:
Si tu es en combinaison spatiale a 10km de l'ISS (sur la même orbite qu'elle mais en avance) et que tu as un moyen de propulsion, si tu vas vers l'ISS, tu ne la rejoindras jamais (et tu vas mourir), ce qu'il faut faire, c'est accélérer (donc tourner le dos à l'ISS et allumer ta propulsion, comme si tu voulais t'en éloigner). En accélérant, tu vas monter ton orbite et c'est L'ISS qui va aller plus vite et te rattraper...
De la même manière, si cette fois ci tu est derrière l'ISS (par rapport à l'orbite), il faut freiner, donc encore une fois lui tourner le dos et allumer la propulsion. En freinant, tu vas descendre ton orbite et donc aller plus vite que l'ISS que tu vas rattraper.
En gros, en orbite, pour aller plus vite, il faut "freiner", et pour aller moins vite, il faut accélérer
https://youtu.be/i5XPFjqPLik?t=495
Encore une fois, on est trèèès loin du manège...