Alors que s'apprête à être lancée la tablette iPad, censée créer une nouvelle catégorie de produits connectés plus ou moins nomades et que la menace d'une réaction d'Apple pèse toujours sur la notion de jailbreaking, l' EFF ( Electronic Frontier Foundation ) refait un point sur les conditions du contrat, remis à jour au mois de janvier, que doivent accepter les développeurs pour pouvoir développer des applications sur la plate-forme iPhone.

Il s'agit surtout de mettre en lumière les barrières et limitations dont Apple jalonne le document et qui lui assurent un contrôle étroit de la diffusion mais aussi du droit de vie et de mort des applications sur son portail.

Ce point est d'autant plus sensible qu' Apple vient de faire disparaître plusieurs milliers d'applications au nom d'un "politiquement correct" que la société n'a même pas besoin de justifier. Tristan Nitot, président de Mozilla Europe, n'a pas manqué de fustige, lors de l'événement Le Mobile 2.0 à Paris, cette main-mise d'Apple sur la diffusion de ce qui est jugé bon ou pas en fonction de critères qui n'appartiennent qu'à elle, sur la base d'une " morale bien pensante venant d'un autre continent, avec ses propres valeurs ".

Un point de vue qui retentit d'autant plus que la question de savoir s'il vaut mieux des applications mobiles natives ou des Web apps continue de faire l'objet de nombreuses réflexions de la part des développeurs.


Pieds et poings liés
Parmi les éléments remarquables relevés par l' EFF, il y a bien sûr l'interdiction pour les développeurs de s'exprimer sur les termes du contrat de licence qui les lient à Apple. Si l'accord lui même n'est pas confidentiel, les développeurs sont tenus de ne pas le commenter publiquement.

Ensuite, il est rappelé que toute application développée par l'intermédiaire du SDK ne peut distribuée que sur l' App Store et qu'elle peut être rejetée par Apple pour n'importe quelle raison, même si elle se conforme au cahier des charges.

Cela signifie notamment que même si l'application est rejetée par Apple, il n'est pas pour autant permis de la diffuser sur des portails alternatifs tels que Cydia ou Rock Your Phone. Autrement dit, développez, soumettez, et si la réponse est négative, votre travail est en théorie intégralement perdu.

Il est bien sûr interdit de s'adonner aux joies du reverse engineering, même celui pratiqué pour des raisons d'interopérabilité et généralement reconnu comme un usage toléré. De même, le bricolage des technologies et logiciels Apple, pour leur faire autre chose que ce que ce que la société a prévu, est interdit.


Aucune garantie pour le développeur

Non seulement Apple peut refuser une application selon son bon vouloir, mais elle a également la possibilité de la faire disparaître de l' App Store et des terminaux mobiles ( le fameux " kill switch " ) à tout moment.

Vous n'êtes pas d'accord et voulez demander des comptes à Apple, après des mois de développement et de lourds frais engagés ? Trop tard, l'accord de licence stipule qu' Apple ne vous versera jamais plus de... 50 dollars pour réparation.

C'est aussi ce point qui a fait bondir Tristan Nitot lors de l'événement Le Mobile 2.0 et qui doit faire réfléchir les développeurs sur les dangers qui les guettent en misant tout sur des applications natives alors que la totalité du contrôle revient au seul diffuseur.

C'est parce qu'il n'y a pas d'autres alternatives que l' App Store pour la diffusion des applications iPhone qu' Apple peut se permettre d'imposer de telles conditions ( exception faite des portails alternatifs, qui nécessitent de modifier les appareils mobiles et dont l'existence reste comprise dans le temps ), note enfin l' EFF.

Source : EFF