C'est l'un des secrets des entreprises aérospatiales de la nouvelle vague pour abaisser le coût des missions et remporter les contrats : réutiliser une partie des lanceurs sur plusieurs missions.

La firme SpaceX d'Elon Musk utilise désormais cette technique régulièrement pour récupérer l'étage principal de son lanceur Falcon 9 après atterrissage en douceur au sol ou sur une plate-forme en mer et le réutiliser plusieurs fois.

De son côté, Rocket Lab vient de réussir un premier essai en conditions réelles pour remettre la main sur le premier étage de son lanceur Electron, ici après un amerrissage mais bientôt directement lors de sa redescente en parachute.

Themis_demonstrations

Et en Europe ? L'Agence spatiale européenne (ESA) travaille sur un projet similaire de lanceur réutilisable. Baptisé Themis, il a débuté cette année les premières étapes de son développement et l'ESA confirme le calendrier d'un premier vol d'essai à partir de 2023, avec la récupération de l'étage principal.

Le programme Themis met en place les briques techniques qui permettront ensuite l'utilisation de cette technologie dans de futurs lanceurs européens. L'ESA vient donc de signer un premier contrat de 33 millions d'euros avec ArianeGroup, maître d'oeuvre du projet, pour mener la phase initiale, à savoir le banc de test et la préparation des technologies de vol, ainsi que la préparation de la station terrestre de Kiruna (Suède) afin de mener les "hop tests" (faire décoller à faible altitude et revenir se poser l'étage principal) en 2022.

Prometheus

Le programme Themis repose sur la conception du moteur européen Prometheus qui aura la particularité d'être réallumable et contrôlable en temps réel par un ordinateur de bord pour piloter les différentes phases de vol.

Le démonstrateur Themis, de 30 mètres de haut pour 3,5 mètres de diamètre, emportera 130 tonnes de mélange oxygène liquide / méthane pour alimenter trois moteurs Prometheus.

L'objectif est le même que pour les entreprises utilisant déjà cette technique : réduire les coûts des missions et faire appel à de nouvelles sources d'énergie moins polluante, pour une "filière de lanceurs spatiaux écoresponsables".