Il est pratique de s'appuyer sur les services fournis par des entreprises étrangères quand le contexte est à la détente et au partage, quitte à faire quelques concessions, tant que l'on trouve le savoir-faire et les capacités ailleurs.

Mais quand les tensions se ravivent, avoir le contrôle de ses outils et de ses données devient un sujet stratégique. Avec la montée des frictions entre les Etats-Unis et la Chine et le contexte extraordinaire de la crise mondiale du coronavirus, l'Europe, coincée au milieu tout en étant un objet de convoitise, s'aperçoit que disposer d'un cadre pour un cloud européen ne serait pas une mauvaise idée.

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Le projet Gaia-X vise donc à tenter de faire émerger des offres européennes alternatives à celles des fournisseurs chinois et nord-américains, avec pour point de départ 11 entreprises françaises et 11 entreprises allemandes qui participeront à l'élaboration d'un écosystème utilisant des protocoles communs pour le stockage et l'utilisation des données sur lesquels les fournisseurs de services pourront architecturer leurs offres.

Il s'agit donc de définir un cadre listant certaines règles (localisation des données et des datacenters, sous le cadre du RGPD ou du Cloud Act, transparence...) et préparer une interopérabilité facilitant le passage d'un fournisseur à un autre pour les entreprises, souvent prises au piège d'un unique acteur.

Une structure juridique sera créée dans les prochains mois avec, côté français, des sociétés comme Orange, Scaleway (Iliad), Atos, EDF, OVH ou Dassault Systèmes et en Allemagne Deutsche Telekom, SAP ou Siemens.

Elle organisera alors d'ici 2021 une place de marché avec un catalogue de services respectant le cadre et les règles choisies. Le but de Gaia-X est de rendre plus visibles les offres des acteurs européens mais la plate-forme ne sera pas forcément fermée à des entreprises non européennes si elles en respectent les protocoles.

Elle se distingue ainsi des offres de cloud souverain nationaux que tentent de mettre en place certains pays (dont la France) en agissant plutôt au niveau des interactions du marché du cloud et de la capacité à le dynamiser pour offrir plus de choix.

Il faut dire que les grands acteurs internationaux (US avec Microsoft Azure, Amazon AWS et Google ou chinois avec Alibaba) sont difficilement contournables par la qualité et la puissance de leurs propositions. Mais le Cloud Act donne la possibilité au gouvernement américain d'accéder aux données stockées, même hors du sol américain, ce qui pose un vrai problème pour les informations sensibles des entreprises européennes.

Source : Le Figaro