Face aux critiques concernant la sécurité de ses produits, qu'il s'agisse de smartphones ou d'équipements télécom, le groupe Huawei affirme depuis toujours que l'entreprise n'est pas pilotée par le gouvernement chinois et que sa structure appartient à ses salariés.

Le socle de cette affirmation avait été remis en question par une étude relevant qu'un opaque syndicat y détient un important pouvoir de décision et que ce dernier est relié au gouvernement chinois.

Il s'agissait aussi sans doute d'un prélude pour justifier la campagne de lobbying anti-Huawei en Europe à propos de la 5G et la plainte pour fraude et vol de technologie.

Son fondateur, Ren Zhengfei (par ailleurs ancien cadre de l'Armée populaire chinoise), avait encore affirmé l'indépendance de son entreprise vis à vis du pouvoir chinois ces derniers mois lorsque les Etats-Unis se sont montrés plus menaçants vis à vis de Huawei.

Huawei 5G CPE Pro

Présentation de dispositifs 5G chez Huawei en janvier 2019

Maintenant que le décret mettant l'entreprise chinoise sur liste noire est signé et a des conséquences directes sur les relations commerciales entre Huawei et les entreprises nord-américaines mais aussi d'autres groupes internationaux, les masques et les préventions tombent.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a accusé Ren Zhengfei de mensonge à propos de la prétendue indépendance de Huawei vis à vis du pouvoir chinois : "L'entreprise est étroitement liée non seulement au pouvoir chinois mais aussi au parti communiste chinois", a-t-il affirmé à CNBC.

Et quand Ren Zhengfei affirme, pour rassurer, qu'il ne partagera jamais les données des utilisateurs, Mike Pompeo réplique : "c'est juste faux. Dire qu'ils ne travaillent pas avec le gouvernement chinois est une déclaration fausse. Ce leur est imposé par la législation chinoise. Le CEO de Huawei, sur ce point au moins, ne dit pas au peuple américain la vérité, pas plus qu'au reste du monde".

Et d'indiquer que le blocage des relations commerciales ne fait que commencer et que d'autres entreprises y viendront. L'argument est aussi politique, avec l'accusation de l'utilisation de moyens fournis par des entreprises high-tech chinoises pour opprimer certaines minorités en Chine, ce qui pourrait amener le fabricant de caméras de surveillance Hikvision sur la fameuse liste noire.

Pendant que la campagne américaine de dénigrement de Huawei se poursuit, la réponse standard de ce dernier sur sa neutralité et l'absence de contrôle direct du pouvoir chinois risque donc de ne plus suffire.

MaJ 24/05 : les autorités chinoises ont répondu aux affirmations du secrétaire d'Etat américain en l'accusant à son tour d'invention et de fabrication de rumeurs, sans fournir pour autant de preuves des assertions.

Le ministre des affaires étrangères chinois Lu Kang s'est dit par ailleurs perplexe quant aux propos de Donald Trump sur une réintégration de Huawei en cas d'accord avec la Chine sur les politiques commerciales, ne sachant pas exactement ce qu'il a voulu dire.

Source : CNBC