En charge de l'attribution des noms de domaine sur Internet et de la gestion du système de serveurs racines du DNS (Domain Name System), l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) a rejeté une demande de l'Ukraine qui aurait eu pour conséquence de déconnecter la Russie de l'Internet mondial.

Organisation à but non lucratif basée en Californie aux États-Unis, l'autorité de régulation d'Internet rappelle que l'Internet est un système décentralisé et " qu'aucun acteur n'a la capacité de le contrôler ou de le fermer. "

Patron et président de l'ICANN, Göran Marby écrit que la mission de l'organisme " ne s'étend pas à la prise de mesures punitives, à l'émission de sanctions ou à la restriction d'accès contre des segments de l'Internet, quelles que soient les provocations. " Il souligne la vocation première de l'ICANN qui est de garantir le fonctionnement d'Internet, " et non pour que son rôle de coordination soit utilisé afin de l'empêcher de fonctionner. "

Une demande qui avait peu de chance d'aboutir

Dans le contexte de la guerre en Ukraine avec l'offensive militaire de la Russie, le ministre de la Transformation numérique en Ukraine avait demandé à l'ICANN en début de semaine d'introduire des sanctions ciblant l'accès à Internet pour la Russie.

Parmi ces sanctions, la révocation temporaire ou permanente des domaines .ru, son équivalent en cyrillique, .su et pour une liste non exhaustive d'autres domaines, contribuer à révoquer les certificats SSL pour de tels domaines, fermer les serveurs DNS racines situés en Russie. Une demande pour des mesures a également été adressée au registre régional d'adresses IP RIPE NCC.

" Toutes ces mesures aideront les utilisateurs à rechercher des informations fiables dans des zones de domaines alternatifs, empêchant la propagande et la désinformation. " Elles auraient donc abouti à une sorte de déconnexion d'Internet pour la Russie.

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Directeur général de l'association Afnic qui gère le .fr, Pierre Bonis avait pointé du doigt une mauvaise idée. " Si les organisations responsables de maintenir les noms de domaine (DNS) ne font pas de politique, c'est parce que l'ensemble de la structure doit rester neutre et agnostique pour qu'Internet fonctionne. "

" Exclure une part de l'humanité du fonctionnement du DNS, ce n'est pas comme interdire un espace aérien souverain. Parce que derrière cela, il y a des usagers et des usages. […] C'est valider définitivement l'absence de neutralité du Net, fragmenter l'internet, et finir de pousser les autocrates à s'enfermer dans des intranets nationaux, au détriment des droits fondamentaux de leurs concitoyens. C'est le début de la fin d'Internet. "

Rappelons justement que la Russie a déjà pensé à sa déconnexion de l'Internet mondial en travaillant sur la mise en place d'un Internet souverain RuNet avec sa propre version du système DNS.

Source : CNN