Une équipe de chercheurs américains est parvenue à moduler la lumière d'un laser 100 milliards de fois par seconde, ouvrant la porte à des applications pratiques insoupçonnées en informatique.

L'Université californienne de Stanford est réputée, entre autres choses, pour son laboratoire de recherche physique. C'est une des équipes de ce dernier qui est arrivé, voici quelques semaines, à moduler, c'est-à-dire à allumer, puis éteindre, puis rallumer (etc...) un laser cent milliards de fois par seconde, soit dix fois plus vite que les systèmes existants les plus performants.

Au delà de la performance pure, qui est déjà en soi admirable, une des particularités de l'installation testée à Stanford est d'employer des composants dont la technologie est parfaitement maîtrisée, quand elle n'est pas déjà commercialisée.

Ainsi, l'obturateur (la minuscule pièce métallique qui cache ou découvre le rayon du laser) est composé de silicium et de germanium, deux matériaux compatibles avec les technologies électroniques actuelles, alors que des tentatives précédentes mettaient en scène des alliages beaucoup plus exotiques, à base notamment d'arsénide de gallium (un mélange de gallium et d'arsenic), très instable en présence de silicium porté à haute température.

La technique employée ici est baptisée QCSE (pour Quantum-Confined Stark Effect), et consiste à faire passer un courant de faible intensité et de faible tension à travers une petite pièce métallique, jusqu'à affecter sa capacité à absorber certaines longueurs d'onde de la lumière.

En masquant, puis laissant alternativement passer le rayon du laser, le système autorise l'émission de 1 (le rayon passe) et de 0 (le rayon est bloqué), et permet de transmettre des données de manière binaire, soit la seule méthode que reconnaisse une ordinateur.

Adaptée à l'informatique, cette technologie permettrait d'accélérer considérablement la transmission de données entre les différents composants d'un appareil électronique, et éviterait les "goulets d'étranglement" caractéristiques des modèles actuels, qui dépendent de cablages physiques dont les qualités de conduction électrique varient en fonction d'un grand nombre de facteurs (alliage employé, section du cable, température de fonctionnement, etc...).

L'a commercialisation d'une telle technologie n'est pas pour demain, mais les industriels s'y intéressent de très près, puisque Intel et Hewlett-Packard ont financièrement contribué à la réalisation de cette expérience, tandis qu'une agence fédérale rattachée au Secrétariat américain à la Défense, la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) entrevoit des applications militaires, notamment dans le cadre de transmissions protégées de données.

Selon un des chercheurs, il se pourrait qu'on doive transposer à cette nouvelle technologie la fameuse Loi de Moore, selon laquelle le nombre de transistors déposés sur une puce électronique double tous les deux ans, à peu de choses près. Dans ces conditions, on pourrait envisager un doublement des débits transmis par laser dans les mêmes unités de temps.

Mais la Loi de Moore tient depuis 40 ans, maintenant. Quelqu'un veut s'amuser à calculer le débit atteint vers 2045 avec la technologie du laser...' Une petite aspirine...'
Source : Slashdot