In the garden, tel est le titre de ce huitième album de Mano Solo. Il sortira dans cinq mois mais l'artiste a d'ores et déjà lancé les pré-commandes sur son site Web. L'objectif : proposer une démarche radicalement différente par rapport à ce que présentent habituellement les maisons de disque et dénoncer le téléchargement gratuit sur Internet, un " leurre " selon lui.

Mano Solo l'a maintes fois répété ces derniers temps : l'industrie du disque, telle qu'elle est aujourd'hui, ne correspond plus à ses attentes et il décide donc de s'en détacher en proposant un autre modèle de promotion pour In the garden.


Le principe de l'album In the garden
Les internautes peuvent, pour une somme de 17 euros, avoir accès à l'espace privé du site qui contient deux chansons à découvrir chaque mois, des clips, l'accès aux répétitions et " tout ce qu'il sera possible d'imaginer ", mais ils recevront également l'album quelque temps avant sa sortie en mars 2007. Notez que cet argent servira en outre à assurer la promotion de l'album, ce qu'il appelle le " nerf de la guerre ".

Mano Solo a indiqué avoir engagé ses économies et avoir emprunté 130.000 euros pour réaliser et autoproduire ce disque pour, dit-il, " ne pas faire un album au rabais ". Les inscriptions sont ouvertes depuis le 18 septembre et il recense pour le moment 700 souscriptions. Il faudra qu'il vende 30 à 40.000 disques pour rentrer dans ses frais et au moins 80.000 pour envisager de futures créations.


Mano Solo condamne l'immobilisme...
" Le seul intérêt d'une maison de disques, c'était la promotion, et aujourd'hui, ça ne l'est même plus. Les maisons de disques ne construisent plus les staffs qu'il faut, n'arrêtent pas de virer des gens " a t-il déclaré à l'AFP.

Même si les majors remplissent de moins en moins leur travail à ses yeux, il condamne également les internautes téléchargeant de la musique gratuitement sur Internet :

" Il faut expliquer aux gens que dans le prix d'un disque, il y a le prix de la diversité. Quand j'ai été signé chez Carrère, ça a été avec le pognon d'Adamo ou Sheila, des ringards qui font peut-être marrer mais ont laissé de la thune dans la boîte pour qu'ensuite, elle puisse mettre deux millions de francs sur un Mano Solo, qui n'était rien. " explique t-il. " Le peer-to-peer, c'est pas du tout une révolution culturelle mais simplement de la consommation gratos. Ces gens se prennent pour des gauchistes alors qu'en fait, c'est des libéraux. C'est une attitude libérale : je prends sans m'occuper des conséquences. "




Pochette de l'album In the garden


...des internautes téléchargeurs...
Lors d'un entretien au mois de septembre avec RFI, il indiquait avoir une attitude duelle par rapport au téléchargement : " Quand je télécharge un film avec Arnold Schwarzenegger, je n’en ai rien à battre. Je sais que toute façon jamais j’aurais été le voir au cinéma. Je l’ai juste consommé comme s’il était passé à la télé. Je le jette après. " précisait t-il, admettant que ses propos étaient néanmoins ambivalents :

" Je pense que mon discours ne tient pas vraiment le coup mais c’est le plus raisonnable que j’ai. Celui sur le téléchargement à tout va se mord aussi la queue. C’est une position libérale : puisque je peux le faire, je fais, peu importe les conséquences pour l’autre. Si les gens qui me téléchargent me consomment comme un film de Schwarzie, c’est qu’ils ne m’aiment pas vraiment. "

Néanmoins il ne faut pas, selon lui, reporter la faute sur les maisons de disque qui sont " au départ de petites boîtes françaises rachetées par des multinationales, comme Carrère par Warner. Il faut arrêter de les diaboliser. Comment ça se fait qu'on s'émeuve pour les chômeurs de Moulinex et pas pour ceux de Warner ' ". Il dénonce également ceux qui pensent changer les choses en téléchargeant gratuitement sans rémunérer les ayants-droit, mais qui ne font qu'aider le système existant : " Les gens ne se rendent pas compte qu'en téléchargeant (gratuitement), ils créent la Star Academy, sur laquelle ils crachent pourtant toute la journée. Ils blindent des trucs qui marchent tous seuls, qui se vendent à minimum 100.000 exemplaires quoi qu'il arrive car toute la promo est faite six mois à l'avance. "


...et des majors
Mano Solo aura réalisé sept albums produits, diffusés de manière classique mais affirme haut et fort que l'industrie du disque ne tient pas compte de l'évolution ni de la force d'Internet :

" Pour mon précédent album, j’avais exactement le même plan de communication que sur le tout premier, sorti il y a treize ans. On fait comme si Internet n’existait pas, comme si ça marchait toujours en fait, comme si draguer une grosse radio allait suffire à te faire connaître dans la France entière. Je ne comprends pas que les sites web des maisons de disques soient morts. C’est juste un catalogue. En même temps, ils tiennent le grand discours : "Internet nous détruit". Mais t’as qu’à y aller mon gars ! "

Consulter le site www.manosolo.net

Mano Solo sera en concert les 23 novembre à Saint Herblain ( Loire-Atlantique ) et 24 novembre à Loudéac ( Côtes d'Armor ). Il sera également à Paris, au Grand Rex les 2 et 3 avril 2007.