L'annonce de la proposition de rachat de ARM par le groupe Nvidia pour 40 milliards de dollars a fait l'effet d'une bombe dans le secteur des semiconducteurs. Car toucher à la firme britannique, spécialisée dans la conception d'architectures pour des puces que l'on retrouve des capteurs IoT jusqu'aux processeurs pour datacenters, peut avoir de lourdes conséquences sur l'accès à ses technologies.

Si l'acquisition par le japonais Softbank a pu se faire, c'est que ce dernier n'est pas un acteur direct du marché des processeurs. Avec Nvidia, il en va autrement et beaucoup craignent une main-mise sur les architectures ARM et un accès plus compliqué à ces dernières, sans compter des interférences dans les roadmaps au profit de l'acquéreur.

Nvidia ARM

Etant donné le nombre d'entreprises qui y font appel et les conséquences potentielles d'un tel rachat, les autorités de la concurrence de plusieurs zones géographiques ont multiplié les objections et les demandes de mesures de précaution afin de préserver l'équilibre du jeu de la concurrence.

De son côté, le gouvernement britannique mène plusieurs enquêtes approfondies, craignant de perdre cette pépite tech et faisant valoir un risque pour la sécurité nationale.

Ces requêtes repoussent la validation de la transaction et génèrent une forte incertitude sur la capacité de Nvidia à obtenir tous les feux verts nécessaires, notamment en Chine. L'acheteur lui-même en est conscient et ne voit pas d'issue rapide à cette problématique.

Poursuivre coûte que coûte ou laisser ARM entrer en Bourse

Selon Bloomberg, il a averti ses partenaires qu'il n'y aurait pas de résolution à court terme, ce qui pourrait le conduire à renoncer au rachat de ARM, malgré les perspectives régulièrement mises en avant, notamment au niveau de la conception de processeurs ARM pour serveurs pour divers domaines comme le cloud,  l'intelligence artificielle ou la voiture connectée / autonome.

Autre signe d'une acquisition qui risque de capoter, Softbank aurait relancé les préparatifs en vue d'une introduction en Bourse de ARM. En cas d'abandon du rachat, la firme nipponne pourrait par ailleurs récupérer 1,25 milliard de dollars de pénalité infligée à Nvidia.

Officiellement, la proposition de Nvidia reste toujours d'actualité, avec l'espoir d'arriver à son terme mais l'espoir d'arriver à un accord dans les 18 mois après son annonce, soit en mars 2022, ne semble plus possible et il faudra encore compter plusieurs mois, voire trimestres, si Nvidia ne jette pas l'éponge avant face à l'adversité.

Source : Bloomberg