La rupture ...

Il paraît que les villes les plus anciennes de l'humanité ne comportaient ni
fortifications, ni enceintes. A partir de cette découverte, des
scientifiques ont développé une théorie selon laquelle, à l'origine, les
hommes se seraient réunis en ville non pour se protéger, mais pour
commercer. Plusieurs millénaires ont passé avant que la construction
européenne s'inspire de ces civilisations qui ne connaissaient pas la guerre
à travers les concepts de paix et de prospérité chers aux initiateurs de
cette oeuvre ambitieuse, mais surtout, sur le plan juridique, à travers une
succession de traités économiques destinés à construire un marché commun
dans lequel l'objectif essentiel fut constamment de supprimer les barrières
douanières entre les pays membres. Aujourd'hui, l'Union européenne (UE) est
la première puissance économique de la planète. Son moteur tourne à plein
régime, mais ce qui constituait le fondement politique de l'institution - la
paix et la prospérité - s'effritent sous les séismes répétés de la
mondialisation dite néolibérale. Parvenu au bout de sa logique
libre-échangiste, le bilan européen apparait décevant aux yeux de nombreux
européens (1).

Ne trahissons pas les mots de paix et de prospérité. Jamais, le fossé entre
européens n'a été si profond qu'aujourd'hui. Jamais l'amitié entre membres
n'a été si précaire. Jamais, enfin, la prospérité n'a été si injustement
répartie. En quelques décennies seulement, la plupart des européens ont subi
un détricotage historique de leurs droits sociaux et politiques. En France,
comme partout en Europe, les espérances du plus grand nombre se sont, au fil
des décennies, considérablement réduites, et le quotidien de millions de
personnes s'est lentement étriqué. Sur fond de triomphe d'une thèse ironique
exigeant toujours plus contre la promesse du pire à venir, le front du
marché, les OPA inamicales, les canonnades médiatiques, les stratégies
planétaires de délocalisation, les trahisons fiscales, les concentrations
gigantesques, et le darwinisme social ambiant ont remplacé les
conflagrations meurtrière des guerres offensives d'antan. Qui sera premier
exportateur ou premier investisseur? Qui affichera la meilleure croissance
ou le taux de chômage le moins élevé ? Pendant que l'intolérable disparaît
sous le voile des principaux indicateurs économiques, des Bilderbergers
insolents accaparent l'immense richesse de la planète grâce à une armée de
fanatiques pilotant, à fond la caisse, l'utopie capitaliste sur des sièges
éjectables. L'on ne sait plus, aujourd'hui, qui fait quoi, qui dirige, pas
même définir un riche et celui qui ne l'est pas. Tout juste sait-on
reconnaître un pauvre pour peu qu'il apparaisse tantôt en une ruine jetée à
même le macadam que la fatalité expose au regard indécent des préjugés,
tantôt en apôtres de la contestation réduit à clochardiser sa rébellion. La
libre concurrence règne sur un royaume misérabiliste clinquant sous les
ténèbres, ou les sujets du marché s'affrontent pour un job sous-payé, pour
une location pitoyable, où le futur est devenu notre ennemi, ou les dés sont
pipés dès le départ. Du politique à l'économie, le néolibéralisme se nourrit
de la guerre absolue et comme toujours avec elle, les vraies victimes ne
sont pas les soldats engagés, mais les civils-citoyens innocents.

Puisque le réalisme est à l'ordre du jour, sans doute devrions-nous comparer
ce que nous avons en commun avec le modèle de vie dont l'UE est si fière. Il
ne serait pas inutile de reconsidérer lucidement le futur qu'elle propose de
partager avec nous. Le réalisme consisterait, me semble t-il, à tirer la
conclusion qui s'impose devant un monde occidental parvenu au faîte de
l'égoïsme et de l'insouciance, aux portes d'une guerre de civilisations de
dimension internationale, ou l'organisation économique et l'impuissance des
politiques produisent une misère sociale et culturelle généralisée, qui
sacralise la précarité au lieu de l'endiguer, qui participe à la démission
des individus au lieu de les encourager au volontarisme, qui les empêche de
réaliser leur individualité, de s'extérioriser et de pleinement se créer. Ce
système est l'antithèse du libéralisme originel, c'est une pantalonnade de
démocratie et de liberté. Ce régime n'est rien d'autre qu'un totalitarisme
déguisé.



Il n'est pas certain du tout que les Français s'appauvrissent plus qu'ils ne
sont déjà, en se désolidarisant d'une entreprise qui s'obstine, à élaborer
des législations aggravant la dépendance des individus à la superfluité,
quand la planète est au bord d'un bouleversement climatique irréversible Il
me semble qu'en tant que première puissance économique, l'UE devrait être
capable de proposer une réponse raisonnable, et disposer de la réelle
volonté d' insuffler une politique européenne ambitieuse en réponse à la
crise que traversent civilisations et planète. Ne devrions-nous pas dénoncer
cette mascarade ? Non pas pour vivre en autarcie repliés sur nous mêmes, au
contraire pour proposer, et entamer avec toutes les bonnes volontés, de
nouvelles négociations fondatrices d'un nouveau traité, fort de l'expérience
du traité de Rome et des traités successifs. Il faudrait, alors, le faire
avec force et conviction pour parvenir demain à construire l'Europe qui
vaille le coup de sacrifier une partie de notre souveraineté : l'Europe des
Peuples, pour la paix et la prospérité dans un capitalisme social et humain,
et non dans une mascarade de démocratie et de justice à l'image de la
globalisation libérale que les institutions européennes tentent d'imposer au
Peuple français avec la bénédiction d'une droite jusqu'ici inconnue. A
l'image du classement sportif mondial français, salué unanimement par la
presse spécialisée, les Français n'ont rien à foutre d'être les premiers, la
France n'aspire qu'à gagner avec les autres en équipes.





1. http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/051005_europe_n.htm


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Une calotte, une mandale, une mornifle peut être ? Ou, pour les natures
suicidaires, une talmouse ...
Demos le blog ... http://www.blogg.org/blog-31810.html ...
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