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Lettre a Andre Beaudet, DG Communications a la SRC

22 réponses
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GP
Monsieur André Beaudet
Directeur général des communications à la SRC

Cher Monsieur,

Je ne saurais dire tout le plaisir que j'ai pris à lire votre lettre publiée
par Le Devoir du 25 août dernier. Elle m'a mis d'excellente humeur. Mon
retard à y répondre n'est dû qu'à ce qu'il a fallu deux semaines avant que
je sois avisé de sa publication.

Je suis extrêmement surpris que M. François Boulet, avec qui je discutais
déjà des formats propriétaires en janvier dernier, ne vous ait pas informé
de mon intérêt pour le sujet. Le ministère du Patrimoine, à qui j'ai dû
mettre les points sur les «i» sur le même sujet, ne vous aura pas contacté
non plus, je suppose. Que de malveillance à l'égard de votre merveilleuse
prose, et surtout, de votre pensée si profonde!

Mais, sachez-le, il vous reste encore des amis. La preuve, c'est que je vous
écris finalement.

Gilles Pelletier

--------------------------


Des faits à rétablir à propos des archives de Radio-Canada
La société conserve des documents d'abord et avant tout pour fins de
réutilisation dans la production ou de commercialisation

André Beaudet
Directeur général des communications aux services français de Radio-Canada

Édition du mercredi 25 août 2004
http://www.ledevoir.com/2004/08/25/62154.html

(...)

Tout le monde sait qu'en tant que société publique, Radio-Canada appartient
à tous les Canadiens. Cela ne signifie évidemment pas que tous les éléments
qui composent Radio-Canada, ce qu'elle produit, possède ou diffuse, sont
accessibles à tous. Contrairement à ce que laisse supposer l'article de M.
Dumais, les archives de Radio-Canada ne sont pas libres de droits. Les
émissions sont des biens, des oeuvres qui appartiennent à Radio-Canada ou à
leurs producteurs et ayant-droits: auteurs, compositeurs, comédiens et
autres, voire leurs successions. D'importantes questions de droits d'auteur
régissent leur diffusion sous toutes les formes.

GP:
Dites-moi, cher Monsieur Beaudet, quand Vladimir Poutine, George Bush, Paul
Martin ou une quelconque victime d'accident font une déclaration, leurs
payez-vous des droits d'auteur?

Non. Alors, faudrait-il verser des droits au réalisateur, au monteur et,
pourquoi pas, à la femme de ménage, qui ont participé à assembler le
reportage? Vos contrats de travail sont-ils à ce point mal négociés?

Vos analystes sont certainement payés, mais pourquoi le contrat ne
pourrait-il prévoir la rediffusion sur l'internet? Vous conviendrez
certainement que cela n'entraînerait guère de frais puisque les gens qui
tiennent à la vérité n'exigent en général rien pour la livrer. Ils le font
au contraire au péril de leur vie.

Donc, aucun problème pour rediffuser l'information... à moins qu'ils ne
viennent de la direction de la SRC et de certaines forces politiques? Mais
alors, vous dénonceriez la supercherie, n'est-ce pas, M. Beaudet?

Vous voyez tout ce qu'apporte la discussion? Voilà déjà un problème de résolu!

Ensuite, la qualité de la diffusion internet étant très loin de la diffusion
broadcast -- que les auditeurs peuvent d'ailleurs enregistrer lors de la
diffusion, soit dit en passant -- pourquoi refuser de rediffuser les
dramatiques sur l'internet?

Si, dans dix ans, une dramatique diffusée aujourd'hui s'avère toujours
populaire, les artistes et artisans qui y ont participé devraient réussir à
négocier de meilleurs cachets ou contrats.

Qui donc souffrirait d'une rediffusion sur l'internet? Les artistes n'ont
pas l'habitude de produire une dramatique et de «vivre dessus» pour le reste
de leur vie.

Vous conviendrez donc que, ce qu'il convient de faire aujourd'hui, ce n'est
pas de tenter d'imposer les régles du début de la télévision à l'ère
internet, mais d'en définir de nouvelles qui conviennent à notre époque.
Avant-gardiste comme vous semblez l'être, je suis certain que nous nous
entendons!

-------------------------------

Il importe également de mentionner que Radio-Canada ne saurait donner accès
libre à l'ensemble de sa production journalistique sans en contrôler
l'utilisation. À titre de service public d'information, Radio-Canada a des
responsabilités éthiques qu'elle ne peut ni ne doit aliéner.

GP:
Ici, je suppose que vous ne voudriez pas que, disons, une télévision aussi
/irresponsable/ que Al-Jazeera rediffuse votre programmation sans votre
consentement.

Sauf que, n'importe quel réseau de télévison peut enregistrer la
programmation de la SRC et constituer une banque de données pour s'en servir
au besoin. Les médias pratiquent souvent ce repiquage. « Selon telle
source... », entend-on souvent. Comme ce que j'écris actuellement, ce que
vous diffusez est public et vous ne sauriez empêcher quiconque de souligner
vos vérités et mensonges.

En fait, pour contrer ce que vous prétendez craindre, c'est-à-dire la
dénaturalisation de l'information d'origine, la constitution d'archives
publiques serait la meilleure protection. Aussitôt qu'un spectateur aurait
un doute, il pourrait vérifier dans les archives et, si supercherie il
y avait, elle serait vite dénoncée. Tous les diffuseurs seraient sur le
qui-vive.

Un peu plus, et je supposerais que la raison véritable pour laquelle vous
refusez de rendre vos archives publiques, c'est que vous craignez qu'on vous
mette sur le nez vos propres mensonges. Mais, rassurez-vous, je n'oserais
certainement pas prêter de telles intentions à une personne de votre qualité.

-------------------------

Il faut aussi rappeler que les archives de Radio-Canada sont conservées
d'abord et avant tout pour fins de réutilisation dans la production ou de
commercialisation.

GP:
Encore une fois, nous nous entendons. «The powers that be» vont chercher
à nos frais dans les archives ce qui fait leur affaire. Cette information à
deux vitesses, où les contribuables doivent repayer pour revoir les
documents qu'ils ont en majeure partie contribué à produire, est-elle
justement un fait acceptable?

Le téléspectateur étant bombardé d'informations, on condamnerait donc la
grande majorité de la population à vivre dans la ténuïté du présent, sans la
toile de fond historique qui lui donne tout son sens.

Mais ce n'est pas ce que vous désirez, mon cher M. Beaudet, n'est-ce pas?

-------------------------

On ne doit pas les confondre avec les Archives nationales du Canada qui, en
plus de leur mandat de conservation, ont celui de les rendre accessibles au
public canadien.

GP:
Vous avez encore absolument raison. Si Bibliothèque et Archives Canada ainsi
que la Bibliothèque nationale du Québec rendent disponiples sur demande des
documents qui ont été produits sans l'argent des contribuables, ce devrait,
à plus forte raison, être le cas pour les archives de la SRC. Ne confondons
/surtout pas/.

---------------------------

Néanmoins, Radio-Canada permet à ceux qui le désirent de se procurer des
extraits d'émissions pour usage privé. Le prix relativement élevé est lié au
coût du transfert et du support (licence d'utilisation).

GP:
Oui, bien sûr, ce que vous décrivez, c'était la situation autrefois. Livrés
sur l'internet, ce n'est plus la SRC qui fournit le support, soit le disque
dur, mais l'usager.

Quant au coût de l'archivage, vous et M. Dumais semblez prétendre en coeur
que c'est très cher(1). Il est vrai que chez moi tout l'audiovisuel, à part
mon ordi, se résume à une télévision Citizen de 17" dont la seule aspiration
à la modernité consiste à offrir la couleur, mais j'ai beaucoup de peine à
saisir toute la subtilité de ce processus éminemment complexe.

(1) M. Dumais écrit: « À la décharge de l'auguste société, avouons qu'un
service d'archives, tel celui de Radio-Canada, coûte la peau des fesses à
administrer. » In: Technologie: À qui appartiennent les archives de
Radio-Canada? Le Devoir, 16 août 2004.
http://www.ledevoir.com/2004/08/16/61476.html

Je comprends bien que tranférer en numérique des bandes vidéo analogiques
et, à plus forte raison, des films, doit coûter très cher à une «auguste
société». Mais, à partir du moment où toute la production se fait en digital
-- comme ce doit être le cas aujourd'hui, je suppose -- le processus devrait
être absolument automatique. Tout au plus faudrait-il entrer quelques mots
pour retrouver l'extrait dans la banque de donnée. Je me trompe?

Pour sauver des sous, oubliez donc plutôt l'idée de préserver la virginité
de vos archives avec le streaming. Quand vos données rentrent sur un autre
ordinateur, il y a partage et elles peuvent être sauvegardées.

Pensez plutôt à réduire votre nombre de serveur$$$ et à ménager la bande
passante. Vous en consommeriez beaucoup moins si vous n'offriez pas vos
reportages en streaming. Vos téléspectateurs pourraient revoir et se
communiquer les reportages sans être obligés de les télécharger à chaque
fois. Un simple forum vous permettrait d'évaluer la popularité des émissions.

Cette façon de faire n'est d'ailleurs plus un secret pour personne puisque,
quand on clique un lien vers une pub sur le site du Parti Libéral du Canada,
un pop-up s'ouvre et nous demande si on ne voudrait pas communiquer le
document à un ami. Parlez-moi d'efficacité!


--------------------------

Traitement des archives

Le décalage s'accentue lorsque M. Dumais aborde le traitement des archives
sur le site Internet de Radio-Canada. Sa plus grave erreur est d'affirmer
que la gestion des archives de Radio-Canada est tributaire du géant
américain Microsoft alors que Radio-Canada utilise le format de Microsoft
pour la diffusion sur Internet et non pour l'archivage. (...)

GP:
Voilà un renseignement utile. Enfin... presque. Pourquoi vous
arrêtez-vous justement au moment de nous dire quel est ce format
d'archivage?

------------------------

Il convient donc de retenir ceci: à titre de diffuseur public, Radio-Canada
concentre ses investissements dans la production et la diffusion de contenu
accessible au plus grand nombre. Si nous avons choisi le format de
visionnement le plus largement répandu (Microsoft), c'est afin d'atteindre
le plus large public possible.

GP:
Absolument! La réplique est imparable.

D'ailleurs, M. François Boulet, votre Directeur Internet, Archives
numérisées et Services communs, Nouveaux médias, Radio-Canada, m'a déjà très
bien expliqué l'affaire. Elles se résume à peu près à ceci: les formats du
monopole Microsoft sont nécessairement les plus populaires. Alors, la SRC
n'a d'autre choix que de les adopter. Le raisonnement est sans faille.

Enfin... presque. En effet, vous n'ignorez certainement pas que les formats
ouverts sont autant à la disposition du Monopole qu'à celle de quiconque.
Et si Microsoft refusait de fournir le codec pour le format ouvert adopté
par la SRC, la SRC pourrait le fournir. Rien ne vous empêche de le produire
en toute légalité, avec la BBC ou qui vous voudrez. Un petit clic et
l'affaire serait dite!

Avec tous les éminents programmeurs à votre service, la solution arriverait
en moins de deux! Ce n'est pas comme si vous étiez une bande d'imbéciles qui
attendaient une solution clé en main, béats d'admiration après une
présentation PowerPoint, n'est-ce pas?

Au contraire, je me demande si la situation actuelle, que vous présentez
comme la plus commode, ne pose pas problème.

Ce n'est pas que j'en aie contre Microsoft, mais j'ai personnellement choisi
un autre système d'opération. En novembre prochain, il y aura trois ans que
je n'aurai pas touché à un produit Microsoft. J'ai adopté Linux et, comme
vous pouvez le constater, je ne m'en porte pas trop mal. Je vous écris en
tout cas.

Je pense même qu'il y a à ma disposition quelques /petits logiciels/:
chiffriers électroniques à 64 000 lignes, bases de données hyperpuissantes,
logiciels de retouche photo avec /layers/ et courbes Bézier, etc. Le tout
étant évidemment gratuit. Mais, contrairement à Google, à la NASA, aux
compagnies d'exploration pétrolière, aux centres de prévisions sismiques ou
météorologiques, et aux studios de Hollywood-- celui qui, par exemple, a
assemblé les images de Titanic -- moi, je me contente de peu.

Linux me convient. Pour un produit gratuit, je trouve ce système d'opération
fort honnête et je ne regrette guère l'époque où je devais envoyer 150$ à
Microsoft pour participer à ses courses aux virus. En fait, voudrais-je y
revenir, que je ne me rappellerais plus trop comment tout cela fonctionne.
Mes intérêts se sont tournés vers des choses plus... foncamentales, disons.

Quoi que vous pensiez de mon choix, vous conviendrez certainement que, comme
contribuable, j'ai le droit de le faire.

Or, j'en suis actuellement à me demander si Windows fournit le codec pour
lire du /Windows/Media avec Linux ou si ce n'est pas plutôt parce que, lors
de mon installation, j'ai téléchargé les codecs Windows de MPlayer, une
organisation bénévole établie en Hongrie. Qu'en pensez-vous, M. Beaudet?

Or, qui sait si demain, avec une batterie d'avocats congrue, Microsoft ne
contestera pas la légalité de reproduire un codec propriétaire? Comme vous
le savez, l'à-propos de breveter les algorythmes dit «logiciels» fait
l'objet de vives discussions actuellement en Europe. En d'autres mots, 1 + 1
= 2, est-ce brevetable? Et un clic de souris? Et les barres de défilement?
Et un format texte .doc? Et ça s'arrête où?

C'est que, une fois un format propriétaire(1) bien implanté --
particulièrement avec l'aide des États ou des sociétés d'État --, il devient
incontournable, compatibilité oblige. Alors que, contrairement à une auto,
par exemple, les logiciels, une fois conçus, sont reproductibles à l'infini
sans frais additionnels, toute compétition est anéantie et le Monopole
pratique les prix qu'il veut.

(1) Par exemple, les formats .doc, .xls et .wmv sont des formats
propriétaires de Windows pour des documents Word, pour le chiffrier
électronique Excel, et pour la vidéo WindowsMedia.

Advenant que les États aient suffisamment nourri La Bête et qu'elle
s'enhardisse au point d'arracher une victoire devant les tribunaux, il
faudrait donc que, pour visionner les extraits pour lesquels je paie
Radio-Canada, je souscrive au monopole de Microsoft.

Si, aujourd'hui, la situation peut encore sembler ambiguë à certains, vous
auriez alors bel et bien partie liée sans équivoque possible. N'y a-t-il pas
là un petit problème qui mériterait qu'on y réfléchisse avant que le
Monopole que l'affaire est dite et qu'il nous y confronte?

--------------------------

Le choix de rendre des archives disponibles via le format vidéo de Microsoft
ne nous lie aucunement à cette entreprise,

GP:
Absolument, absolument! Où irait-on si on ne pouvait se fier aux /méchants
communistes/ en Hongrie!

----------------------------

pas plus que cela n'entraîne de coût supplémentaire en fonction du nombre
d'utilisateurs et d'heures diffusées, comme l'article le sous-entend. (...)

GP:
C'est vrai! Vous avez bien raison. il faut s'informer! D'ailleurs, en
faisant une recherche sur son site aujourd'hui, je me suis aperçu que
Microsoft devient de plus en plus transparente:

«In order to make licensing more transparent, interested parties can inspect
the new terms without the need to sign a non-disclosure agreement.»

http://www.microsoft.com/windows/windowsmedia/licensing/licensing.aspx?displang=en-us

N'est-ce pas intéressant de pouvoir inspecter les termes d'un contrat sans
promettre de ne pas en parler? Merveilleux! On n'arrête pas le progrès.

J'ai lu un paragraphe ou deux de ce baragouinage légal (les fichiers en
format pdf), mais j'ai craint de devoir y consacrer plus d'énergie que ne
vaudrait le bénéfice de la lecture.

Car, vous en conviendrez, l'affaire est bien simple. C'est un peu comme
lorsqu'on est au resto et qu'on lance: «Garçon, l'addition!» C'est au bas de
la ligne qu'on apprend ce qu'on paie pour ce qu'on nous a servi.

Pour Linux, le calcul est fort simple. Deux CD à 50¢ suffiraient à faire
fonctionner non seulement la SRC et la CBC, mais le gouvernement du Canada
tout entier. L'oncle Bill vous aurait-il fait un meilleur prix?

Oh, je veux bien en convenir, il y aurait bien quelques retouches à faire
ici et là avant que tous les besoins de la SRC soient satisfaits, mais il y
a un /sapré/ bout qui est déjà fait!

--------------------------

(...)

La BBC

Par ailleurs, Radio-Canada suit de très près le projet de la BBC évoqué dans
l'article,

GP:
Ici, cher M. Beaudet, je crains que vous n'ayez besoin d'un petit recentrage
pour bien comprendre la situation.

La BBC n'a que faire que vous suiviez de près son projet. La BBC n'a pas
l'intention de vous faire une présentation PowerPoint lorsque /son projet/
sera terminé. Ce projet, ce n'est pas plus le sien que le vôtre. Oui, elle
l'a mis en branle, mais elle compte que vous, comme toutes les télévisions,
y participiez. C'est pourquoi tout ce qu'elle a fait à date est disponible
en téléchargement sur le site de SourceForge:

http://sourceforge.net/project/showfiles.php?group_id=102564&package_id=112141&release_id=267014

ou

http://minilien.com/?YRuZTzTHDn

Voici le site lui-même:

http://sourceforge.net/projects/dirac

Vous n'avez qu'à saisir le logiciel, et il est à vous. /Yours for the
taking/, comme disent les anglos.

Mais si, par malheur, me direz-vous, il n'y avait que la SRC et la CBC qui
se joignaient à la BBC, toutes les télévisions du monde pourraient-elles se
servir de Dirac? Réponse: absolument!

Alors, qu'auriez-vous à gagner? Le savoir, M. Beaudet, le savoir! Au lieu de
vous laisser emberlificoter par Microsoft, de souscrire à toutes les
incroyables découvertes surrannées que la multinationale vous vend à coup de
millions, vous comprendriez la nature de l'image que vous diffusez. C'est
ainsi, en reliant ensemble plus de 10 000 PC avec Linux, que Google a
compris, et en est venu à redéfinir, même économiquement, ce qu'est un
moteur de recherche.

Car, s'il y a une chose que Microsoft monopolise, c'est avant tout le
savoir. Il n'y en effet rien comme d'écrire un programme pour définir un
processus. Si celui-ci n'est pas précisément réduit à ses plus ultimes
composantes, le programme ne fonctionne pas. C'est ce qu'on appelle
l'analyse, n'est-ce pas?

------------------------

qui confond d'ailleurs allégrement les intentions du diffuseur
britannique avec ce qui sera concrètement offert à compter de l'automne
2004. En matière de volume et d'intérêt, ce projet dans son état actuel ne
saurait être comparé à ce que Radio-Canada propose sur son site Internet. La
BBC compte en effet commencer par la mise en ligne de milliers de clips de
trois minutes tirés d'émissions sur les sciences naturelles.

GP:
Mais rassurez-vous donc, M. Beaudet! Qu'on diffuse 5 secondes ou 5 millions
d'heures de programmation... ou qu'on monte un ou mille serveurs avec un
logiciel ouvert, les coûts de licence sont toujours les mêmes: 0¢ .

--------------------------

En outre, l'épineuse question des droits d'auteur n'a pas encore été résolue
pour permettre au rêve évoqué par M. Dumais de se réaliser.

GP:
Nous avons déjà discuté de cela, non?

--------------------------

(...)

En conclusion, Radio-Canada tient à rassurer tous les lecteurs du Devoir:
ses archives ne sont pas près de tomber sous le contrôle d'une société
commerciale.

GP:
Mais non, nous l'avons prouvé, c'est l'évidence même! Bof... Il faudrait
bien demander à Microsoft et Sympatico comme ils se sont organisés pour
dénicher un url chez vous(1). À votre insu, évidemment! Car autrement, vous
nous auriez informé de ce /New Deal/ concocté par notre société d'État,
n'est-ce pas?

(1) http://sympatico.msn.radio-canada.ca/

En terminant, cher directeur général, je me permets de souligner qu'il
faudra tout de même prendre soin de ne pas se lancer dans un nouveau GIRES.
La sagesse commande de commencer avec de petits projets, déterminer les
compétences et, évidemment, souhaiter qu'il y ait plusieurs emplois de
peintres en bâtiment de disponibles... quoique, là encore, il faille
quelque compétence.

Chose certaine, même s'il vaut faire venir quelques programmeurs communistes
de Hongrie ou quelques Indiens spécialisés en autre chose qu'en fine
cuisine, rendre les armes au Monopole n'est pas une option. Comme vous le
savez en effet, rien n'est plus inefficace que de produire du code dans le
culte du secret. On finit par demander des centaines de millions pour ce qui
est par ailleurs offert gratuitement et les actions plafonnent avant de
dégringoler.

M. Beaudet, ce fut pour moi un réel privilège que de m'adresser à un expert
de votre trempe. Comptez donc sur moi pour faire part à la ministre du
Patrimoine de notre accord. Je crois même pouvoir avancer, sans trop de
risque de me tromper, qu'elle aussi, de même que tous les Canadiens et les
Canadiennes, attendent vos réponses à mes /questions de détail/ avec une
impatience mal contenue.

Vu que je n'ai pas votre adresse courriel, je demande à M. Renaud Gilbert,
ombudsman de la SRC, de faire le relais. Comme tous mes textes de
nature publique, celui-ci sera évidemment aussi publié sur soc.culture.quebec .


Gilles Pelletier

10 réponses

1 2 3
Avatar
GP
Depuis hier, nos premiers ministres s'entre-déchirent pour déterminer où le
surplus fédéral devrait servir: à réduire le déficit effarant de 500
milliards ou à rapetasser un peu un système de santé qui croule alors que
les besoins vont en augmentant. Après des décennies de dépenses
inconsidérées, les ressources manquent, dit-on.

Pourtant, depuis plus de vingt ans, les trois paliers de gouvernement paient
tribut à Microsoft sans que personne n'ai jamais tenté d'évaluer les sommes
qui sont passées là. Chaque ministère dispose en effet d'une enveloppe
globale à l'intérieur de laquelle se situent les dépenses en informatique.
En autant que je sache, les gouvernements provinciaux ou le fédéral n'ont
même jamais tenté de négocier un prix global avec leur principal
fournisseur, soit Microsoft.

C'est ainsi qu'on paie, je suppose, cent ou deux cents dollars pour chaque
ordinateur qui emploie le traitement de texte Word. Or, la plupart du temps,
on s'en sert pour taper des lettres comme on le faisait autrefois à la
dactylo. Le moindre petit traitement de texte gratuit offre dix fois plus de
fonctionnalités que nécessaire. Le seul avantage, c'est qu'on sauvegarde les
textes en format doc plutôt que rtf. On est vraiment /in/!

Parce que les dépenses se font en petits /investissements/ ponctuels,
personne ne pose de question. C'est comme si on payait avec de l'argent de
Monopoly.

Faites le test. Demandez à votre député ou votre conseiller combien son
gouvernement a dépensé en frais logicels au cours des cinq dernières années,
relevés à l'appui. Si jamais vous obtenez une réponse, veuillez me la
communiquer, ça m'intéresse.

C'est le point où nous en sommes rendus. Au moment même où ils manquent de
moyens pour offrir les services que la population est en droit d'attendre,
nos gouvernements, globalement, sont absolument incapables de rendre compte
de leurs dépenses!

Mais en sera-t-il de même dans l'industrie privée, là où la survie des
entreprises dépend du profit?

On sait déjà que, dans le domaine de la téléphonie, l'internet va amener un
type de compétition que le mot «féroce» ne suffira plus à décrire. Comme on
dit, le sang va couler.

Et il en ira évidemment de même dans le domaine de la télévision. La
diffusion uniquement sur l'internet permettra à des organisations beaucoup
plus ciblées, souples et efficaces de gruger la part des grands réseaux. Une
cure d'amincissement étant de rigueur, chaque cent, chaque part
d'information, de compétence qui pourra demeurer au sein de l'entreprise,
sera d'une importance vitale.

Or, il n'y a pas actuellement assez de compétences dans le logiciel ouvert
pour répondre à la demande d'un monde qui se réorienterait subitement. Les
compagnies, dont les réseaux de télévision, qui sentiront tourner le vent
les premières, profiteront d'un avantage décisif dans le choix du personnel.

Et, bien que je n'aie qu'une vague intuition à laquelle me fier, je suis en
train de me demander si un certain réseau ne vient pas tout juste de
comprendre cela. (Non, je ne parle pas de la SRC, où la nécessité peut être
constatée, mais le changement ne pas en être pour autant moins long à
effectuer.)

GP
Avatar
Emmanuel Florac
Le Tue, 14 Sep 2004 22:22:06 -0400, GP a écrit :


Non. Alors, faudrait-il verser des droits au réalisateur, au monteur et,
pourquoi pas, à la femme de ménage, qui ont participé à assembler le
reportage? Vos contrats de travail sont-ils à ce point mal négociés?


C'est la norme dans le monde entier, cela... Ça s'appelle le droit
d'auteur et c'est pareil pour toutes les télévisions, radios, journaux,
théâtres et autres!

--
Je suis riche des biens dont je sais me passer.
Louis-Jean-Baptiste Etienne Vigée.

Avatar
GP
Emmanuel Florac wrote:


Non. Alors, faudrait-il verser des droits au réalisateur, au monteur et,
pourquoi pas, à la femme de ménage, qui ont participé à assembler le
reportage? Vos contrats de travail sont-ils à ce point mal négociés?



C'est la norme dans le monde entier, cela... Ça s'appelle le droit
d'auteur et c'est pareil pour toutes les télévisions, radios, journaux,
théâtres et autres!


Si c'est le norme dans le monde entier, il va falloir la changer. Sinon, les
gens qui posent l'asphalte sur les rues vont se mettre à demander des droits
de passage.

GP


Avatar
Jerome Lambert
Le Wed, 15 Sep 2004 09:40:26 -0400, GP a écrit :

Emmanuel Florac wrote:


Non. Alors, faudrait-il verser des droits au réalisateur, au monteur et,
pourquoi pas, à la femme de ménage, qui ont participé à assembler le
reportage? Vos contrats de travail sont-ils à ce point mal négociés?



C'est la norme dans le monde entier, cela... Ça s'appelle le droit
d'auteur et c'est pareil pour toutes les télévisions, radios, journaux,
théâtres et autres!


Si c'est le norme dans le monde entier, il va falloir la changer. Sinon, les
gens qui posent l'asphalte sur les rues vont se mettre à demander des droits
de passage.


Non, puisqu'en le posant, ils le vendent au soumissionnaire du travail...
Seul celui-ci peut exiger un droit de passage. Un opérateur public
(état, municipalité) en exige rarement . Par contre, si le
soumissionnaire est privé, il peut exiger un droit de passage. Cela
s'appelle une autoroute à péages...

--
Jerome
"Moi, je trouve ça rigolo quand y a un truc qui marche pas avec Linux.
Chercher à le faire marcher m'amuse beaucoup. C'est mieux qu'un jeu vidéo."
M. in fr.comp.os.linux.debats



Avatar
GP
Jerome Lambert wrote:

Non, puisqu'en le posant, ils le vendent au soumissionnaire du travail...


Et pourquoi celui qui produit des nouvelles ne vendrait-il pas lui aussi son
travail. Je pourrais discuter là-dessus, mais je vais attendre pour répondre
de voir si mon interlocuteur me revient avec cet argument.

GP

Avatar
manuel viet
Jerome Lambert wrote:

Non, puisqu'en le posant, ils le vendent au soumissionnaire du travail...


Et pourquoi celui qui produit des nouvelles ne vendrait-il pas lui aussi son
travail. Je pourrais discuter là-dessus, mais je vais attendre pour répondre
de voir si mon interlocuteur me revient avec cet argument.


Canada, connaît pas, mais en Europe, le droit d'auteur se divise en deux
parties ; d'un côté, le droit moral, qui est hors du commerce juridique
(donc ne peut être cédé) -- ce droit moral est de nature passive :
l'auteur peut s'opposer à l'usage de son oeuvre de manière absolue sous
la condition de dédomager les titulaires de droits démembrés -- ; et de
l'autre côté les droits cessibles, au rang desquels, au premier chef,
le(s) droit(s) d'exploitation. Autre principe cardinal de la matière,
celui de spécialité : les démembrements du droit d'auteur sont limités
exclusivement à ce qui est décidé dans le contrat. Or, justement, il a
été décidé ici que l'exploitation d'une oeuvre enregistrée sur Internet
ne pouvait pas avoir été prévue par les auteurs, et de toute manière le
support de diffusion étant différent de celui d'origine, le titulaire de
la propriété des enregistrements et des droits d'exploitation afférents
ne pouvait exploiter ces oeuvres sur Internet sans obtenir de l'auteur
un nouveau contrat d'exploitation pour ce support.

Je te laisse facilement imaginer le b....l.

Pour répondre à ta question, exactement : non, on ne peut pas céder son
droit d'auteur comme Esaü son droit d'aînesse. Pas plus qu'on ne peut
étendre des contrats d'exploitation longtemps après leur signature à des
objets imprévus à cette époque (c'est le gros problème des journaux qui
ont voulu constituer des archives électroniques : certains ont dû
littéralement racheter les articles déjà parus à leurs auteurs ou aux
ayants droit de ceux-ci).

--
Manuel Viet * mailto:


Avatar
GP
manuel viet wrote:

Pour répondre à ta question, exactement : non, on ne peut pas céder son
droit d'auteur comme Esaü son droit d'aînesse. Pas plus qu'on ne peut
étendre des contrats d'exploitation longtemps après leur signature à des
objets imprévus à cette époque (c'est le gros problème des journaux qui
ont voulu constituer des archives électroniques : certains ont dû
littéralement racheter les articles déjà parus à leurs auteurs ou aux
ayants droit de ceux-ci).


Grosso modo, je retiens de ton intervention qu'il faudrait distinguer les
droits négociés avant l'internet, et ceux négociés après et où l'usage sur
l'internet a été prévu.

Mais je ne suis pas certain que le jargon juridique éclaircisse grand chose.
Parfois, il y a quelque chose qui s'appelle le gros bon sens qui
intervient. Il n'y a pas que la société qui diffuse qui a à gagner avec une
rediffusion.

Il est difficile de juger de tout cela autrement qu'en présence de cas concrets.

GP

Avatar
manuel viet
manuel viet wrote:

Pour répondre à ta question, exactement : non, on ne peut pas céder son
droit d'auteur comme Esaü son droit d'aînesse. Pas plus qu'on ne peut
étendre des contrats d'exploitation longtemps après leur signature à des
objets imprévus à cette époque (c'est le gros problème des journaux qui
ont voulu constituer des archives électroniques : certains ont dû
littéralement racheter les articles déjà parus à leurs auteurs ou aux
ayants droit de ceux-ci).


Grosso modo, je retiens de ton intervention qu'il faudrait distinguer les
droits négociés avant l'internet, et ceux négociés après et où l'usage sur
l'internet a été prévu.


C'est ça.

Mais je ne suis pas certain que le jargon juridique éclaircisse grand chose.
Parfois, il y a quelque chose qui s'appelle le gros bon sens qui
intervient. Il n'y a pas que la société qui diffuse qui a à gagner avec une
rediffusion.


Le droit n'a aucun rapport avec le *bon* ou le /mauvais/ sens. Il est,
et en dernier recours c'est un juge qui le dit.

--
Manuel Viet * mailto:


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Emmanuel Florac
Le Wed, 15 Sep 2004 11:52:04 -0400, GP a écrit :


Il est difficile de juger de tout cela autrement qu'en présence de cas concrets.


Cas concret (et réel) : une chaîne de télé (par exemple TF1) diffuse une
séquence de Claude François. La société de production de l'émission
qui a choisi de diffuser l'extrait ne s'est pas préoccupé des droits de
ces images (souvent c'est le diffuseur qui le fait). Les
ayants-droits de Claude François s'aperçoivent de la diffusion d'une
part, et qu'ils n'ont pas touché de fric d'autre part. Ils attaquent
l'INA (Institut National de l'AUdiovisuel, dépositaire de la plupart des
images d'archives télés en France). L'INA paye, et attaque le diffuseur
et le producteur, qui remboursent l'INA.

Rions en coeur : ce que je viens de raconter arrive quotidiennement ou
presque en France (je l'ai vu de l'intérieur à l'INA).

L'INA commence aujourd'hui à mettre en place des robots qui surveillent
la diffusion des images d'archives : le but étant de facturer
précisément les extraits diffusés puisque c'est normalemnet l'INA qui
redistribue l'argent aux ayant-droits. C'est une usine à gaz
fantastique... Et ce n'est que la France.

Le droit d'auteur c'est bien, mais c'est clair que ça a des
inconvénients. Aux USA, on peut abandonner entièrement ses droits
d'auteur (c'est la norme dans le cinéma). Ça signifie qu'un metteur en
scène ne peut pas empècher aux USA que son oeuvre soit découpée,
colorisée, etc par la production s'ils le souhaitent : il n'a rien à
dire puisque'il a généralement abondonné ses droits moraux sur
l'oeuvre, c'est celui qui paye qui a tout pouvoir. Est-ce mieux?
Évidemment non.

--
Le travail est la malédiction des classes qui boivent.
O. Wilde.

Avatar
GP
Emmanuel Florac wrote:


Il est difficile de juger de tout cela autrement qu'en présence de cas concrets.



Cas concret (et réel) : une chaîne de télé (par exemple TF1) diffuse une
séquence de Claude François. La société de production de l'émission
qui a choisi de diffuser l'extrait ne s'est pas préoccupé des droits de
ces images (souvent c'est le diffuseur qui le fait). Les
ayants-droits de Claude François s'aperçoivent de la diffusion d'une
part, et qu'ils n'ont pas touché de fric d'autre part. Ils attaquent
l'INA (Institut National de l'AUdiovisuel, dépositaire de la plupart des
images d'archives télés en France). L'INA paye, et attaque le diffuseur
et le producteur, qui remboursent l'INA.

Rions en coeur : ce que je viens de raconter arrive quotidiennement ou
presque en France (je l'ai vu de l'intérieur à l'INA).

L'INA commence aujourd'hui à mettre en place des robots qui surveillent
la diffusion des images d'archives : le but étant de facturer
précisément les extraits diffusés puisque c'est normalemnet l'INA qui
redistribue l'argent aux ayant-droits. C'est une usine à gaz
fantastique... Et ce n'est que la France.

Le droit d'auteur c'est bien, mais c'est clair que ça a des
inconvénients. Aux USA, on peut abandonner entièrement ses droits
d'auteur (c'est la norme dans le cinéma). Ça signifie qu'un metteur en
scène ne peut pas empècher aux USA que son oeuvre soit découpée,
colorisée, etc par la production s'ils le souhaitent : il n'a rien à
dire puisque'il a généralement abondonné ses droits moraux sur
l'oeuvre, c'est celui qui paye qui a tout pouvoir. Est-ce mieux?
Évidemment non.


Sauf que, si les termes ne sont pas raisonnables, TF1 peut aussi passer un
coup de fil à François et lui dire: «Écoute, ou on s'entend, ou bien on met
un sellé sur ta boîte et on la rouvre dans 100 ans alors que les droits
seront périmés et on verra si ç'a toujours quelque intérêt. En attendant.
bonne chance pour tes spectacles au bistro du coin!»

Les artistes ont autant besoin de la télévision que celle-ci a besoin des
artistes.

GP


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