Telephone portable Le coût rédhibitoire du roaming en Europe a déjà fait l'objet de nombreuses actualités. Pourtant, jusque à maintenant, nous n'avions pas eu le point de vue des principaux intéressés, les consommateurs.


Un rappel sur le roaming
Rappelons que le roaming - ou itinérance en bon français - est le simple fait d'utiliser son téléphone portable en dehors des frontières de son pays d'origine. Les usagers mobiles qui le font assez régulièrement savent à quel point cela revient cher à la longue.

En effet, pour que l'itinérance soit possible, il faut permettre l'acheminement des communications entre les différents opérateurs nationaux. Ainsi, lorsque l'on appelle d'un autre pays que le sien, notre opérateur national devra payer un tarif de gros à l'opérateur local partenaire, afin qu'il achemine notre appel sur notre réseau d'origine. Ce sont les tarifs excessifs facturés entre les opérateurs qui font que la facture mensuelle de l'abonné s'envole.


Tout le monde n'est pas d'accord...

Jusqu'à maintenant, nous avions eu le point de vue de l'ARCEP ( Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes ), notre régulateur national des télécommunications, celui de l'association UFC-Que Choisir et celui de la Commission européenne. Tous trois entendaient bien faire diminuer ces tarifs.

  • Pour sa part, l'ARCEP préconisait les choses suivantes :
  • " La première consiste à définir des remèdes dans le cadre d’une analyse de marché, qui fait l’objet du document soumis à consultation. L’ARCEP observe une situation d’oligopole sans concurrence qu’elle propose de qualifier de " puissance conjointe ". Il s’agit d’un cas de figure novateur par rapport à la jurisprudence communautaire, caractérisé par une pratique généralisée de maintien des prix déterminés et par une absence structurelle de concurrence en dépit de l’apparition de la direction de trafic. Cette analyse peut prospérer pour autant que la Commission soutienne un élargissement du concept de puissance conjointe au-delà du cas de la seule collusion tacite. "
  • " L’Autorité relève que le marché de gros a été largement structuré par la GSM Association, dont les MVNO sont notamment exclus. Par ailleurs, la constitution d’exclusivités d’achat croisées au sein d’alliances contribue, selon l’Autorité, à des parallélismes de comportement à un niveau pan-européen, et induit en tout état de cause un cloisonnement de l’offre dans chaque marché national. De ce fait, il pourrait paraître opportun que la Commission examine ces pratiques au regard du droit communautaire de la concurrence relatif aux ententes. "
  • " Enfin, en l’absence de perspectives de régulation sectorielle ou d’application du droit de la concurrence au marché, l’Autorité estime qu’une régulation directe par le législateur communautaire, sous la forme d’un règlement européen, à l’image de celle prise en matière de dégroupage ou de prestations bancaires transfrontalières, pourrait être envisagée. "
  • L'association de consommateurs UFC-Que Choisir préconisait quant à elle :
  • " La création d'un appel intra-européen unique permettant à n'importe quel européen en voyage en Europe d'émettre ou de recevoir des appels dans un autre pays européen à un juste prix ( plafonné à 0,466 euro ). Par exemple un français en Allemagne qui appelle la France. "
  • " La création d'un appel local européen permettant à n'importe quel européen en voyage dans un pays européen d'émettre ou de recevoir des appels dans ce pays à un juste prix proche du prix d'un appel local. Par exemple un voyageur français en Allemagne qui appelle en Allemagne. "

  • Les plafonds prévus par Viviane Reding, la Commissaire européenne chargée du dossier, sont les suivants :
  • 0,165 € HT/min pour les appels reçus
  • 0,33 € HT/min pour les appels passés en local
  • 0,49 € HT/min pour les appels passés à l'étranger
Quant à la marge réalisée par les opérateurs lors de la revente au détail, elle ne devra excéder 30%. Voilà qui devrait réduire sensiblement la facture mensuelle de certains abonnés, mais aussi, et c'est là que ça coince, engendrer un manque à gagner estimé à 70 % des 8,5 milliards d'euros générés par le secteur. Les opérateurs, soutenus par nos gouvernements, s'étaient par conséquent vivement opposés à cette régulation.


Mais au fait, qu'en pensent les premiers concernés dans cette histoire '

En effet, si tout le monde s'est exprimé à ce sujet jusqu'à aujourd'hui, les premiers concernés, à savoir les usagers mobiles, avaient été légèrement mis de côté. Voilà pourquoi, la Commission européenne a récemment menée une étude auprès d'eux. Les chiffres révélés par cet audit réalisé auprès de 24.565 usagers européens sont des plus clairs. Les consommateurs sont pour la régulation.
  • 81 % pensent que le coût du roaming est vraiment rédhibitoire
  • 68 % se déclarent d'accord pour une intervention de la part de la Commission européenne
  • 43 % ne savent pas ce qui leur en coûte d'appeler ou d'être appelé à l'étranger (!)

Ces chiffres arrivent donc à point nommé et se présentent comme d'excellents arguments en faveur de cette régulation tarifaire, qui, rappelons-le, devrait être mise en place à partir de l'été 2007.