Si les laboratoires cosmétiques cherchent depuis des années à rajeunir nos cellules pour effacer les traces du temps sur nos visages, d'autres chercheurs visent plus large en cherchant à rajeunir les cellules pour limiter le développement de maladies.

À l'heure où la population mondiale se veut vieillissante (16% de la population mondiale aura plus de 65 ans en 2050 contre 9% en 2019), des chercheurs ont réussi la prouesse d'inverser le vieillissement de cellules humaines d'environ 30 ans.

Le processus de vieillissement est naturel, et entraine une altération des cellules et des fonctions corporelles. Ce vieillissement entraine un effet cascade avec des phénomènes qui s'enchainent et se combinent parfois, entrainant des dégradations mentales et physiques, ou ouvrant la voie à des maladies, parfois chroniques, dégénératives, jusqu'au décès. Malheureusement, le vieillissement n'est pas un facteur linéaire et ne dépend pas uniquement du nombre d'années, mais il reste influençable.

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Les techniques de la médecine régénérative tendent à inverser le processus de vieillissement. Dans la plupart des cas, il s'agit de remplacer des cellules endommagées par des cellules réparatrices chez le patient pour reconstituer du tissu sain à l'aide de cellules souches, des cellules qui ne sont pas spécialisées et s'adaptent en fonction du milieu dans lequel elles sont placées.

Ces cellules souches sont issues d'un processus de conversion des cellules somatiques en cellules souches pluripotentes induites (IPSC). Il suffit ainsi de prélever des cellules adultes et de les reprogrammer génétiquement... Jusqu'à présent, le processus de fabrication de ces IPSC nécessitait plusieurs étapes de reprogrammation qui entrainent la perte de certaines fonctions spécifiques acquises avec l'âge.

Des chercheurs de l'institut Babraham à Cramdbridge ont toutefois mis au point une technique qui permet de reprogrammer des cellules pour les rendre plus jeunes tout en étant capable de retrouver leur fonction cellulaire spécialisée.

Suite des travaux de Shinya Yamanaka de 2007, le projet permet d'obtenir ainsi des cellules modifiées en 50 jours seulement, sans modification de la séquence de l'ADN sous-jacent, qui sont à la vois plus jeunes, mais qui conservent leur spécialisation obtenue à l'âge adulte.

Des fibroblastes dermiques issus d'un donneur d'âge moyen ont ainsi été utilisés et tout l'enjeu aura été de déterminer à quel moment il convient de stopper le processus de reprogrammation.

C'est en examinant l'horloge épigénétique et le transcriptome que les chercheurs ont pu confirmer être parvenus à rajeunir les cellules d'environ 30 ans. Elles ont par ailleurs gardé leurs marqueurs caractéristiques des cellules de peau (production de collagène). Cette avancée ouvre la voie à une meilleure compréhension du processus de vieillissement et de la reprogrammation transitoire des cellules.