Depuis Cap Canaveral en Floride, la sonde Solar Orbiter de l'Agence spatiale européenne (ESA) - et avec la participation de la NASA - a décollé ce lundi à 04h03 GMT à bord d'une fusée américaine Atlas V 411.

Après la séparation de l'étage supérieur du lanceur en orbite terrestre basse, un signal a été acquis par la station au sol de New Norcia en Australie occidentale à 05h00 GMT.

Par la suite, il y a eu confirmation du déploiement des panneaux solaires de 18 mètres de Solar Orbiter pour convertir la lumière du Soleil en électricité. Une étape jugée critique qui permet à l'ESA de se réjouir : " Nous avons une mission. "

La sonde Solar Orbiter pourra s'approcher de la surface du Soleil à 42 millions de kilomètres au plus près. Elle se situera ainsi à un peu plus d'un quart de la distance entre le Soleil et la Terre pour une campagne d'observation de l'étoile de notre Système solaire depuis l'intérieur de l'orbite de Mercure.

Grâce à son bouclier thermique et sa structure, Solar Orbiter pourra protéger ses instruments scientifiques et endurer des températures allant jusqu'à 500 °C, ce qui selon l'ESA correspond à environ 13 fois plus de chaleur solaire que pour les satellites en orbite basse. La sonde sera capable de résister au bombardement incessant des particules chargées du vent solaire pendant au moins sept ans.

Toujours dans l'ombre, certains éléments de Solar Orbiter devront par contre endurer un froid de -180 °C.

Le voyage ne fait en tout cas que débuter pour Solar Orbiter. Jusqu'en novembre 2021, ce sera une phase dite de croisière. Elle effectuera notamment deux manœuvres d'assistance gravitationnelle autour de Vénus et une autour de la Terre afin de modifier sa trajectoire pour " se diriger vers les zones les plus internes du Système solaire. "

Dans le même temps, Solar Orbiter va faire l'acquisition de données et étalonnera ses instruments de télédétection. Son premier passage considéré proche du Soleil aura lieu fin mars 2022. La sonde suivra une orbite elliptique de 180 jours et passera au plus près du Soleil tous les six mois.

La mission scientifique de Solar Orbiter est prévue pour une durée de quatre ans. La sonde va étudier le Soleil avec à bord une dizaine d'instruments (mesure des particules énergétiques solaires, mesure du champ magnétique autour de la sonde, mesure des variations des champs magnétique et électrique, analyse du vent solaire…).

Solar Orbiter permettra de " recueillir des données et des images à haute résolution de notre étoile et de l'héliosphère. [...] Comprendre en détail comment le Soleil fonctionne est essentiel pour savoir comment il génère son énergie indispensable à la vie et pour protéger notre technologie (ndlr : des éruptions solaires) ainsi que notre mode de vie ", écrit l'ESA.

Champ magnétique de la couronne, régions polaires du Soleil, vent solaire et météorologie de l'espace sont quelques-unes des grandes thématiques auxquelles va s'attaquer Solar Orbiter. Une quête intimement liée à la compréhension de l'héliosphère, cette bulle de plasma autour du Système solaire.

Les données de Solar Orbiter viendront en complément de celles de la sonde Parker de la NASA. Lancée en août 2018, elle doit approcher le Soleil à 6,2 millions de kilomètres au plus près (lors de trois orbites finales de mission), mais embarque une charge utile moindre et sans profiter d'une même technologie d'observation que Solar Orbiter en raison de cette forte proximité, avec la chaleur que cela implique… 1 400 °C.