La génèse

A moins de vivre en reclus depuis quelques semaines tel un ermite, il y a de fortes chances pour que vous ayez entendu parler d’Arthur et les Minimoys. Au départ, il y eut un livre puis rapidement on parla d’une adaptation en film. Et comme souvent lors des grosses sorties commerciales au cinéma, un jeu vidéo vient accompagner le lancement du film. Ici, Arthur et les Minimoys est même sorti un mois avant le long métrage de Luc Besson. On retrouvera d’ailleurs quelques images tirées du film dans le jeu. C’est donc le studio français Etranges Libellules qui a eu en charge de l’adaptation vidéoludique d’Arthur et les Minimoys.

Arthur et les Minimoys    Arthur et les Minimoys

L’histoire est celle d’Arthur qui vit chez sa grand-mère dont la maison est menacée d’être rasée. Afin de sauver les meubles, le jeune Arthur devra entrer dans le monde des Minimoys qui se trouve dans le jardin de sa grand-mère à la recherche d’un fabuleux trésor laissé par son grand-père. Rien de très original, le scénario est quasiment un copié-collé du film Les Goonies ( qui s’est vu adapter sur Nes pour la petite histoire ) avec une louche de Chéri, j’ai rétréci les gosses. Mais peu importe, grâce à un rythme très soutenu et un gameplay varié, l’histoire devient secondaire et le jeu tient en haleine.

Une mise en bouche pénible

Les choses commencent pourtant mal. Les toutes premières minutes s’apparentent à une sorte de phase d’apprentissage qui vous fait découvrir les différentes actions réalisables par Arthur : diriger la caméra, double saut, pousser des blocs, etc. Un peu trop didactique, il aurait été préférable de ne pas l’intégrer à l’aventure.

Arthur et les Minimoys    Arthur et les Minimoys

Mais ce passage est surtout insupportable à cause du doublage de Bétamèche. En plus d’avoir une voix horripilante, ce dernier ne cesse de jacasser comme une pie. On ne peut pas enchaîner deux mouvements qu’il vient vous féliciter d’avoir appuyé sur la bonne touche. A peine, une épreuve terminée qu’il déblatère à nouveau. On se dit qu’il va forcément se calmer, l’euphorie de ce brave Bétamèche ne peut que décliner. Dans l’ensemble, on aura eu à moitié raison.

Arthur et les Minimoys    Arthur et les Minimoys

Le lutin va en effet se calmer lorsque Sélémia viendra rejoindre le groupe ( dès la fin de cet apprentissage en fait ) et les deux personnages se partageront les conseils et les indices tout au long de votre périple. C’est l’un des autres défauts du titre qui ne laisse vraiment aucune place à la liberté. Le jeu est ultra scripté et on vous indique à tout moment ce qu’il faut faire jusqu’à vous signaler lorsque vous ne prenez pas le bon chemin, ce qui est assez rare puisque l’ensemble est très linéaire et le jeu se résume très souvent à une succession de lieux où vous devrez résoudre une énigme, un peu à la manière de Prince of Persia.

L'union fait la force

Pour mener à bien l’aventure et résoudre les divers mécanismes qui ponctuent le jeu, vous ne serez donc pas trop de trois. Chacun dispose bien entendu de ses propres caractéristiques, Arthur se révèle être un combattant hors pair et a la possibilité de grimper sur certaines parois pourvues de racines, Sélémia manie l’épée telle une escrimeuse et Bétamèche utilise un tir qu’il peut concentrer et possède un détecteur de Mûl-Mûl ( des bestioles qu’il faut libérer autant que possible ).

Arthur et les Minimoys    Arthur et les Minimoys

Ainsi, il faudra constamment switcher entre les trois Minimoys pour avancer dans l’histoire. Par exemple, seule Sélémia sera capable de couper des ronces qui obstruent votre chemin et Arthur sera le seul à s’accrocher au bouclier de l’ennemi pour le lui arracher. La complémentarité entre les héros est ainsi très bien réalisée et très agréable pour résoudre les énigmes. Si ces dernières ne sont jamais très difficiles ( on s’adresse à un public jeune ), elles ne sont pas pour autant simplistes et encore une fois, la complémentarité bien pensée rend l’ensemble très ludique : soulever des morceaux de totems à reconstituer à deux ou trois, jouer au foot avec du pollen et se faire des passes, lancer des groseilles avec des catapultes…

Arthur et les Minimoys    Arthur et les Minimoys

La diversité du gameplay est la grande force d’Arthur et les Minimoys si bien qu’il n’est jamais lassant. Ce jeu de plates-formes, d'action et de réflexion propose ainsi des phases de jeu différentes : un shoot’em up façon Panzer Dragoon à dos de moustique, conduire une voiture ou se déplacer en équilibre sur les épaules d’un Mogoth. La majorité de ces séquences tirent leur inspiration dans diverses références du genre mais elles sont si bien réalisées qu’on pardonnera ce manque d’originalité. On ne peut quand même pas passer sous silence les scènes de QTE ( Quick Time Event ) complètement copiées sur God of War, y compris dans certaines chorégraphies mettant en scène la mise à mort de l’adversaire.

Conclusion

Arthur et les Minimoys serait alors exempt de gros défauts ' Pas tout à fait. Techniquement, il pèche par des ralentissements trop fréquents. On assiste alors régulièrement à des chutes de frame-rate sévères lorsqu’il y a trop d’ennemis à l’écran mais aussi lors de passages qui paraissent anodins. D’autre part, la caméra a parfois du mal à suivre et se retrouve souvent avec un temps de retard. En revanche, les temps de chargement sont très courts et s’ils interviennent pendant le jeu ( d’un passage à un autre ), ils se font très discrets. Outre la technique, on notera plusieurs allers-retours contraignants que l’on imagine inclus pour grossir un peu plus la durée de vie, une maniabilité lors des phases à dos de moustique pas toujours optimale et d’autres passages relativement agaçants comme lorsqu’on vous demande de jouer au foot avec le pollen, nos coéquipiers ne se mettent pas forcément dans les meilleures positions. Enfin, si la difficulté est progressive ( le titre reste facile dans l’ensemble ), certains passages sont démesurément difficiles par rapport à d’autres même s’ils ne devraient décourager personne.

On peut sans hésiter placer Arthur et les Minimoys parmi les plus belles adaptations d’un film en jeu vidéo. Les développeurs de Etranges Libellules nous livrent un titre soigné, fidèle et diversifié. Certes, il ne fait que copier sur la concurrence ( et pas des moindres mais tant qu’à faire ), cependant il le fait sans s’en cacher et avec réussite. Et si le titre ne restera pas dans les annales, pour peu que vous ne vous arrêtiez pas à une introduction proprement insupportable pour les oreilles, attendez-vous à prendre beaucoup de plaisir à évoluer dans le monde des Minimoys pendant une bonne dizaine d’heures. On ne lui en demandait pas plus. Le contrat est pleinement rempli. Bravo !

+ Les plus

  • Le travail d'équipe bien pensé
  • La diversité du gameplay

- Les moins

  • La voix de Bétamèche
  • La caméra perfectible