Un retour attendu

Série incontournable pour de nombreux joueurs, Metal Gear s'est surtout fait connaître avec son premier volet entièrement en 3D sur PSone. Imaginée par le célèbre créateur japonais Hideo Kojima, la licence refait surface quelques années après un Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots qui a divisé les joueurs. En attendant le véritable MGS V : The Phantom Pain, l'éditeur Konami nous propose une mise en bouche, Metal Gear Solid 5 : Ground Zeroes.

Il s'agit d'un prologue destiné à introduire les faits qui se dérouleront un peu plus tard dans le véritable cinquième volet principal de la série. Qu'on se le dise, Ground Zeroes fait davantage figure de grosse démo jouable que d'un jeu complet. En effet, le titre ne propose qu'une seule et unique mission qui consiste à réussir deux objectifs avant de se confronter au générique de fin de jeu. À titre personnel, la partie a été finalisée en 88 minutes, à savoir un peu plus d'une heure, sans se presser. Il faudra compter sur cinq maigres missions secondaires une fois le jeu terminé, comptant une petite vingtaine de minutes pour chacune d'entre elles. Sachant que le soft est tout de même vendu entre 20 et 30 euros, il est clair que Kojima aurait pu proposer cette expérience de jeu de façon gratuite pour intéresser les joueurs, comme à la bonne époque de la démo de MGS 2 dans Zone of the Enders.

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Quoi qu'il en soit, tout n'est pas bon à jeter dans ce prologue / tutoriel. En effet, cela permet de se faire la main sur le nouveau moteur graphique Fox Engine développé en interne et qui, malheureusement, manque d'optimisations en raison des concession dues à l'adaptation sur deux générations de consoles de salon. Nous reviendrons sur ce point dans un second temps. Le point fort de la série de Kojima, le scénario est ici différemment mis en scène par rapport aux autres épisodes. Ces derniers étant tous très bavards et riches en cut-scenes, Ground Zeroes opte pour une scénarisation dynamique en cours de gameplay. Aussi, les dialogues s'effectuent par radio, alors que vous progressez dans le camp Omega.

Snake, alias Big Boss, fait rapidement son entrée au début du jeu, aux abords du camp ennemi, à Cuba et en 1975. Notre héros, à la tête des Militaires Sans Frontières ( MSF ) doit récupérer deux otages aux maints de l'unité XOF, menée par Skull Face. Ces prisonniers s'avèrent être Paz et Chico, deux soldats des MSF qui ont été sévèrement interrogés concernant le réseau Cypher et les agissements de Mother Base, le QG des MSF. Le jeu nous laisse directement prendre les commandes de Snake et ne propose qu'assez peu de détails sur l'histoire, ces derniers pouvant être récolté au compte-goutte à l'aide de cassettes à trouver en cours de partie, ainsi qu'en remplissant des objectifs secondaires. En fin de prologue, la scène finale apporte un pic d'intensité fortement appréciable mais qui se clôture justement par l'écran de résultats marquant la fin du jeu. Cette chute brutale est réellement frustrante, ce qui risque d'être plutôt amère pour certains d'entre nous.

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Soldat de l'ombre

En comparaison avec son aîné, Metal Gear Solid V : Ground Zeroes propose une prise en main bien plus confortable. Snake répond au doigt et à l'oeil et ce, même s'il se révèle assez lent lors de ses déplacements furtifs lorsqu'il est accroupi ou allongé. Il est possible de sprinter et d'effectuer des attaques au corps-à-corps avec une certaine aisance, ce qui se révèle très agréable. Et pourtant, quelques éléments inhérents à la série ont disparu, notamment la possibilité d'attirer l'attention des ennemis en frappant un support d'appui. C'est réellement dommage, mais certainement expliqué par un environnement plus ouvert et, de fait, il devient plus aisé de contourner ses cibles.

Autre grand changement, l'absence de radar. A l'instar de Metal Gear Solid 3, il conviendra de progresser à vue, ajoutant une petite difficulté à votre avancée au nez et à la barbe des soldats. Toutefois, une paire de jumelles nous offre la possibilité de marquer les ennemis à l'avance et ainsi pouvoir mieux constater leurs rondes. Par ailleurs, les jumelles permettent également d'écouter les conversations des gardes avec parfois des informations intéressantes à la clé. Comme les deux prisonniers à ex-filtrer en hélicoptère ne sont pas précisément localisés sur votre plan iDroid ( l'interface « GPS » de Snake ), il conviendra explorer et obtenir des informations sur place. Aussi, il faudra souvent s'adonner aux plaisir de l'interrogatoire musclé, en surprenant les ennemis dans leur dos. Une commande contextuelle vous permettra de faire « cracher le morceau » à nos proies, les informations obtenues étant mises automatiquement à jour dans votre plan interactif.

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La prise en main se veut plus confortable, mais aussi plus permissive. Si les fans de la première heure joueront la carte de l'infiltration totale, les plus expéditifs opteront plus volontiers pour l'usage du pistolet à fléchettes tranquillisantes ( avec malheureusement bien trop de munitions ) avant de cacher vos victimes à l'abri des regards indiscrets. Kojima a également laissé le choix d'opter pour l'action pure et dure. Cette possibilité découle de l'environnement plus ouvert qu'à l'accoutumée, nous permettant de trouver de nombreuses cachettes le temps que l'alerte cesse. Des voitures, camions et autres tanks peuvent également être pilotés pour percer les lignes ennemies, ou jouer les rouleaux compresseurs pour les moins prudents. Soulignons également qu'il n'est possible que de transporter deux armes simultanément. Aussi, il faudra souvent faire un choix sur le champ de bataille, si vous ne disposez plus de munitions.

L'intelligence artificielle des ennemis a également été revue à la hausse pour cet épisode, tant et si bien qu'elle se révèle bien plus convaincante que par le passé. En effet, les rondes s'avèrent désormais moins scriptées, certains déplacements pouvant parfois étonner et débusquer quelques corps que nous pensions avoir soigneusement dissimulé. L'IA est également réactive lorsque vous détruisez une caméra par exemple. Lors de leur passage, ils signalent ce dysfonctionnement par radio et lancent un étant de prudence, voire d'alerte. Si les soldats ennemis ne font généralement aucun cadeau, une fonctionnalité de « bullet time » est ajoutée lorsque vous êtes débusqué. Cela laisse le temps de réagir en logeant une balle dans la tête de votre adversaire et, ainsi échapper à l'alerte. Cet ajout signe clairement l'envie de toucher un public plus large que les fans de la première heure.

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Épisode dispensable ?

Metal Gear Solid 5 : Ground Zeroes se distingue également de son prédécesseur en raison de son moteur graphique, le Fox Engine. Proposant des effets de lumière de qualité et une modélisation globalement très bonne, le rendu graphique accuse tout de même quelques défauts, tout particulièrement au niveau de certaines textures perfectible et du clipping qui se présente de temps en tant dans les décors. Et pourtant, le camp Omega ne dispose pas d'une très grande superficie, soulignant le manque d'optimisation ainsi qu'une difficulté en raison d'un développement simultané sur deux générations de consoles de salon.

La bande sonore s'avère toujours très bien huilée, avec des musiques signées par le compositeur britannique Harry Gregson Williams ( qui a également travaillé sur les thème de MGS 2, 3 et 4 ). Snake a changé de voix pour l'occasion, puisque c'est Kiefer Sutherland ( acteur principal de la série 24 ) qui se colle au texte, pour un résultat de qualité relativement honorable mais sans grands artifices.

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En bref, Metal Gear Solid : Ground Zeroes pourrait décevoir de nombreux joueurs, sous ses allures de jeux complets. Il s'agit en réalité d'une démo de moins de deux heures qui propose un avant-goût du véritable cinquième épisode d'Hideo Kojima. Si le rapport longévité / prix ne vous fait pas froid aux yeux, vous découvrirez une mission plutôt intéressante en matière de gameplay, apportant une nouvelle approche dans la série.

Techniquement perfectible, le soft de Konami assure une prise en main confortable et accessible, mais peut-être trop permissive aux yeux des fans de la première heure. Quoi qu'il en soit, il est clair qu'il sera question de frustration à l'heure du générique de fin, avec quelques maigres missions supplémentaires ( se déroulant également au camp Omega ) en guise de compensation pour allonger légèrement la durée de vie.

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+ Les plus

  • Gameplay confortable
  • Kojima toujours maître de la mise en scène
  • Bonne réalisation graphique et sonore
  • Intelligence artificielle de qualité

- Les moins

  • Très court et assez cher
  • Manque d'optimisation graphique
  • Un seul et unique environnement semi-ouvert
  • Très frustrant en fin de partie